Une année de la miséricorde
demandée par le Pape François ?
« L’année de la miséricorde » me fait souvenir de la semaine de ma vie d’évêque au cours de laquelle j’ai le plus confessé. C’était dans les iles Marquises, il y a une vingtaine d’années, à l’occasion d’une ordination épiscopale où je représentais mes confrères de l’hexagone.
Dans les jours qui ont suivi le mercredi des cendres, j’ai reçu des centaines de pénitents qui commençaient toujours leur confession en bon français et qui, allez savoir pourquoi, les terminaient en marquisien bredouillé que je ne comprenais pas. Sans même la possibilité ni le temps de comprendre, je confesse que je leur ai donné à tous le pardon du Seigneur, confiant dans sa miséricorde infinie !
Ce souvenir me revient en mémoire alors que nous apprenons que le Pape François nous provoque à vivre une « année de la miséricorde ». Ce mot fait vieillot. Il est pourtant magnifique. Si nous le cassons, nous trouvons en lui le mot « misère » et le mot « cœur ». Il désigne Dieu comme celui qui garde cœur devant nos misères, quelles qu’elles soient. J’aime la façon dont Rembrandt a peint le père de l’enfant prodigue : il a les yeux fermés, des yeux qui ont pleuré, mais il ouvre ses bras ; de ses mains, il couvre affectueusement les épaules de son gamin. J’aime Dieu aux bras ouverts ; j’aime Dieu qui dit à chacun : « tu ne viendras jamais de trop loin ; tu ne viendras jamais trop tard. Je te garde tout mon cœur ». J’aime Dieu qui nous attend, qui, sans que nous le sachions clairement, nous donne de revenir à lui.
Une année de la miséricorde ? Elle sera belle si chacun redécouvre notre Dieu riche en miséricorde. Elle sera belle si chacun trouve et retrouve le chemin du Sacrement du Pardon. Mais aussi si chacun, sans penser d’abord aux pardons que les autres lui doivent, découvre d’abord lesquels il doit offrir sans les mesurer ni les compter, encore ne seraient-ils pas reçus.
+ François Garnier
Archevêque de Cambrai