"Ne nous laisse pas entrer en tentation..."

Édito du 2 novembre 2017

« Ne nous laisse pas entrer en tentation… »

 

      Une belle occasion de redécouvrir la beauté du « Notre Père »

 

Le 3 décembre prochain, premier dimanche de l’Avent, il nous faudra faire très attention quand nous dirons ensemble le « Notre Père » : nous ne dirons plus « ne nous soumets pas à la tentation » mais « ne nous laisse pas entrer en tentation ».

D’ici là, 100 000 petites cartes de la prière du Christ seront gracieusement distribuées dans toutes les communautés du diocèse de Cambrai afin de rendre unanime notre prière, dès le premier jour, sans trop de cafouillages. Nous garderons ces petites cartes dans nos poches ; nous en distribuerons à nos voisins ; et nous aurons en réalité une belle occasion de redécouvrir la beauté de cette prière.

Quatre remarques :

  • Le Notre Père est la prière du Christ ; nous « osons » la dire, nous fait remarquer l’introduction liturgique. Seul le Christ peut dire cette prière en toute vérité.

 

  • « Que ta volonté soit faite » : depuis le philosophe NIETZSCHE, nous avons entendu parler de la « volonté de puissance », du pouvoir qu’a le maître sur son esclave. Il est clair que Jésus n’est pas l’esclave de son Père. Sa joie est de découvrir ce qu’il désire et d’y répondre de tout son cœur. Quand je prie ce passage du « Notre Père », je le traduis au-dedans de moi-même par « fais-moi trouver ce que tu désires de moi, ce que tu attends de moi, et donne-moi la force et la joie de l’accomplir ».

 

  • Seul le Christ peut dire à son Père « Pardonne-nous comme nous pardonnons ». Si le « Notre Père » était notre prière, nous devrions évidemment dire : « Pardonne-nous infiniment plus, infiniment mieux, que nous ne sommes capables de pardonner ». Seul Jésus peut dire « Pardonne-nous » en se mettant alors qu’il n’a aucun péché du côté des pécheurs que nous sommes et dont il est le vrai frère, et dire « comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », en se mettant du côté de son Père et de l’Esprit Saint, en vrai Fils qu’il est ! Sa prière nous montre à quel point il a conscience d’être le vrai frère des hommes pécheurs et le vrai Fils du Dieu trois fois saint.

 

  • Quant à la finale renouvelée ? Elle nous délivre enfin de l’image grossière d’un Dieu qui prendrait plaisir à nous soumettre à la tentation, à nous mettre « en dessous » de la tentation. Nous savons qu’un Père comme celui-là ne veut que nous sauver, fut-ce au prix de la vie de son Fils, lequel n’a pas été magiquement dispensé d’affronter les tentations, tout l’Évangile nous le dit ; il en rencontre même toutes les formes (Lc 4,13). Les tentations sont notre honneur parce qu’elles disent la réalité de nos libertés ; mais elles peuvent être notre malheur si nous y succombons.

 

La nouvelle traduction « ne nous laisse pas entrer en tentation… » est l’appel humble du Christ et de nous tous : « Ô Père, sois avec nous pour que nous ne succombions pas… ». La nouvelle traduction est un vrai progrès. Mais je n’oublie pas qu’un vieux document du XIVème siècle offrait l’interprétation suivante que je trouve géniale :  Père, « ne souffre pas que nous soyons vaincus en tentation » (1).

 

 

       

François Garnier

Archevêque de Cambrai

 

 

 

Article publié par Cathocambrai • Publié le Mercredi 15 novembre 2017 • 3911 visites

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