La même passion ... des Rameaux à Pâques

LA MÊME PASSION

 

                                      … Des Rameaux à Pâques

 

 

Les Rameaux

 

La foule est versatile : un peu d’espoir et elle acclame, un peu de peur et elle s’enfuit, une bonne « manif » et elle réclame la mort de l’innocent dont elle se moque.

 

Jésus est déterminé : il a pris « résolument »([1]) la route de Jérusalem ; il entre dans la ville qui tue les prophètes et le sait. Il ira jusqu’au bout de sa passion pour son Père : il est si heureux d’accomplir son désir et de montrer à tout jamais jusqu’où va l’Amour ! il ira jusqu’au bout de sa passion pour tous les hommes, encore ne sauraient-ils pas qu’ils sont aimés.

 

 

Jeudi-Saint

 

Deux gestes inoubliables, inséparables, à faire et refaire en son nom, dans les églises et la vie de tous les jours.

Celui du pain et du vin: il nous donne son corps comme on offre un bon pain jusqu’à la dernière miette. Il nous donne son sang comme on offre un bon vin jusqu’à la dernière goutte. Et désormais par Lui, nous essayons de tout donner de nous, du moins le meilleur : il nous vient de Lui.

Et celui du lavement des pieds : il sert encore ceux qui vont le laisser tomber, le trahir et le renier. Dieu capable de se mettre à genoux pour servir les amis fragiles qui vont l’abandonner ; Dieu qui se met en-dessous d’eux ; Dieu qui sait que tout regard d’en haut anéantit l’amour.

 

 

Vendredi-Saint

 

Il a gagné la bataille de Gethsémani ; il a vaincu la tentation d’abandonner. Pendant la nuit, il n’a pas appelé les légions d’anges qui pouvaient éloigner la coupe amère des épreuves qui l’attendent. Il a choisi de ne pas éviter magiquement tout ce dont il va souffrir : l’abandon, l’isolement, la moquerie, le mépris, la calomnie, le fouet. Il ira jusqu’à la mort sans aucune haine de ceux qui le tuent, sans aucune révolte contre Dieu. Il va parcourir son chemin de croix « sans haine ni révolte ». Il y a là sans doute la plus grande des bonnes nouvelles : Jésus est déjà l’unique Seigneur devant qui nous pouvons plier le genou ; il traverse  sa Passion « sans haine ni révolte »…

 

 

 

Samedi-Saint

 

On a souvent parlé du jour de l’absence, du silence ou même de la mort de Dieu. C’est aussi celui de la « descente aux enfers » dont parle le « credo » et que l’Orient chrétien nous donne de comprendre dans l’écriture sainte de ses icônes : on y voit le Christ descendant au fin fond de l’histoire pour rejoindre tous les hommes et toutes les femmes qui l’ont précédé dans le temps et l’espace ; il prend le vieil Adam par la main, réveille Êve engourdie ; il entraîne dans le mouvement d’une résurrection commençante les patriarches, Moïse, Élie, les rois et les prophètes, et même le bon larron : « aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis »([2]). Le Fils n’oublie aucun des hommes qui l’ont précédé. Pas question de les laisser tomber !

 

 

Et Pâques, à l’aube

 

Le ventre de la terre s’ouvre en l’instant le plus décisif de toute notre histoire. Le Père exalte le Fils en sa Résurrection. Je l’imagine heureux de lui dire: « Bravo, petit, tu leur as dévoilé toute la beauté de Dieu et de l’Homme ! ». Jésus n’a plus qu’à se donner à voir à ceux et celles qui l’ont aimé, juste assez pour qu’ils aillent au-delà de leurs peurs, de leurs doutes et de leurs demandes de preuves. Ceux qui n’en croient pas leurs yeux vont les ouvrir et le reconnaître avec le cœur.

 

La Passion est accomplie. Elle nous est donnée pour que nous apprenions à vivre la nôtre selon son Esprit. Au-delà de nos épreuves et de nos bonheurs, de nos échecs et nos réussites, notre joie est désormais d’apprendre chaque jour à vivre en ressuscités.

 

A tous et à toutes, bonne semaine sainte !

 

 

                                                                                                                                                             + François GARNIER

 

 

1 : Le mot est de Saint-Luc (9 ,51)

[2] : Luc 23,43

 

 

 

Article publié par Cathocambrai • Publié le Lundi 03 avril 2017 • 3114 visites

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