« Quoi qu’il arrive, s’enraciner dans la Paix du Christ »
Dans les jours qui suivent sa résurrection, Jésus n’ignore pas que ces amis ne sont qu’un tout petit groupe fragile. Il n’ignore rien des épreuves qu’ils vont devoir traverser : celles qui viennent du dehors du groupe des disciples : les arrestations, les menaces, les persécutions, la mort peut-être ; celles qui viennent sournoisement du dedans : les jalousies, les divisions, les prises de pouvoir… d’où, dans l’évangile de Jean, le souhait majeur de Jésus pour ses disciples : qu’ils soient habités par la paix : « Je vous laisse la paix, c’est ma paix que je vous donne » (Jean 14 27). « Je vous ai dit ces choses, pour que vous ayez la paix en moi » (Jean 16 33). « Paix à vous » (Jean 20 19). « Il leur dit alors, de nouveau : Paix à vous ! » (Jean 20 21). « Et il se tint au milieu et dit : Paix à vous » (Jean 20 26) …
Jamais je n’avais remarqué autant qu’aujourd’hui que pratiquement toutes les lettres de Paul commencent par « A vous grâce et paix » Rom 1 7, 1Co 1 3, 2Co 1 2, Gal 1 3, Éph 1 2, Phi 1 2, Col 1 2, 1Th 1 1, 2Th1 2, Tite 1 4 : comme si Paul savait que la plus grande grâce qui puisse être faite par Dieu notre Père grâce à Jésus son Fils était que règne dans toutes les communautés qu’il fonde la paix : « Soyez en paix avec tous si possible, autant qu’il dépend de vous » (Rom 12 18). « Poursuivons donc ce qui favorise la paix » (Rom 14 19) « Dieu vous a appelés à vivre en paix » (1Co 7 15) « Il a fait la paix par le sang de sa croix » (Col 1 20) ; « Que le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix » (2Th3 16).
Avez-vous remarqué également que dans la liturgie de l’eucharistie, entre le Notre Père et la communion, c’est-à-dire en très peu de temps, le mot paix revient six fois : « Donne la paix à notre temps » ; « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » ; « donne-lui toujours cette paix ». « Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous » ; « Donnez-vous la paix !» …. Et chacun sait bien que la messe se termine par un envoi est très clair :« Allez dans la paix du Christ ! ».
C’est comme si l’Écriture et la liturgie nous engageaient dans le même combat, celui de gagner la paix et celui d’y demeurer quelles que soient les épreuves à rencontrer et à traverser.
Je vous propose trois appels:
- Cent ans après l’abominable carnage de la guerre 14-18, faisons tout pour que nos diocèses de Lille, Arras et Cambrai fassent retentir dans notre province ecclésiastique un appel clair : « faites la paix !» ; et pour cela faisons tout pour faire réussir les évènements si bien préparés par le diocèse d’Arras du 19 au 22 avril prochains.
- Dans ce monde où tant de conflits divisent nos familles, nos communautés paroissiales, nos mouvements et institutions d’Église, faisons tout pour renoncer à toute médisance, à toute jalousie, à toute installation dans les divisions qui stérilisent la Mission !C’est Saint Jacques qui dit de la langue qu’elle est trop souvent « un fléau indomptable, un venin mortel ! » (Jc 38)
- Enfin, dans notre Église trop souvent traversée par la peur de l’avenir : « comment cela va-t-il se faire ? » avec si peu de prêtres, avec un nouvel archevêque, avec tel ou tel nouveau responsable, comment retrouver dans la prière la paix de Gamaliel (Ac 5 38) ? Il nous rappelle que si l’Église vient de Dieu, nul ne pourra la détruire !
Voilà de quoi nous enraciner dans la Paix du Christ.
François Garnier
Archevêque de Cambrai