"Dans le brouillard pour y voir plus clair"

Édito du 20 avril 2017

 

« Dans le brouillard pour y voir plus clair »

 

 

J’ai aimé le discours d’ouverture de notre président, Monseigneur Georges Pontier, lors de notre dernière Assemblée Plénière des Évêques de France.

En voici quelques extraits ; qu’ils vous donnent l’envie de retrouver sur internet la totalité de son intervention !

                                

     + François Garnier

                                                                                                                               Archevêque de Cambrai

                                                                          

 

 

                  

Plus de 4000 baptisés dans la nuit de Pâques

Nous vivons ce temps avec nos communautés chrétiennes et particulièrement avec les catéchumènes. C’est pour nous un émerveillement une action de grâce profonde. Ces hommes et ces femmes ont perçu l’amour que Dieu leur porte. Ils sont saisis par sa miséricorde, sa patience, sa présence aimante. Ils sont plus de quatre mille adultes heureux  d’être baptisés, confirmés et de communier au corps et au sang du Seigneur Jésus. Ils s’ouvrent à la foi en un Dieu, Ils mettent en Lui leur espérance. A sa lumière ils veulent marcher et orienter leur existence (…).

Pédophilie: oui, mais...

(…)Au mois de novembre dernier nous avons demandé pardon au Seigneur et à ceux et celles qui ont été victimes d’actes inqualifiables de la part de prêtres et de consacrés. Nous avons mis en place dans nos diocèses différentes mesures dont des cellules d’écoute des victimes. Nous invitons les victimes à porter plainte auprès des autorités judiciaires mais qu’on veuille bien cesser de laisser entendre que tout prêtre est un pédophile potentiel. Qu’on arrête de taire toutes les décisions prises par notre Conférence. En votre nom, je renouvelle notre confiance et notre reconnaissance aux prêtres de nos diocèses qui vivent de belle manière leur ministère(…).

Retrouver le sens du politique

(…)La campagne électorale a apporté son lot d’informations, de suspicions, d’outrances, de fautes et finalement de violence même par rapport à cette part de la population française qui arrive tout juste à vivre et à faire des projets. Le rapport à l’argent peut empêcher de percevoir le drame profond que vivent ceux qui n’ont pas accès au travail, à un logement digne, à la culture. Au cours de ces dernières années l’écart des revenus entre les plus riches et les plus pauvres n’a cessé d’augmenter. L’exercice du pouvoir est exigeant. Il nécessite une vigilance de tous les instants pour demeurer au service du bien commun et ne pas en tirer un profit personnel aux effets désastreux. Vivre dans une démocratie est une chance ; c’est aussi une responsabilité(…).

Une fraternité réelle avec chômeurs et migrants

Souvent sont rappelées les valeurs de la République : « Liberté, égalité, fraternité ». On pourrait dire qu’aujourd’hui la fraternité a besoin d’être mise à la première place. La fraternité, celle qui se transforme en engagement concret en faveur des plus défavorisés, des chômeurs et aussi des migrants, des réfugiés venus en France en fuyant les conditions de vie devenues dangereuses. Ceux qui viennent chez nous et sont accueillis, peuvent s’intégrer, apporter leur savoir-faire, leur dynamisme et contribuer ensuite au bien-être de tous. Le Pape nous invite souvent à « ce devoir de solidarité » ; il  nous rappelle la nécessité d’œuvrer pour le développement des peuples afin que nul ne soit forcé de quitter son pays. Il  s’exprime ainsi : «  Pour nous, chrétiens, l’hospitalité offerte à l’étranger qui a besoin d’un refuge est offerte à Jésus-Christ lui-même, qui s’identifie à l’étranger : « J’étais étranger et vous m’avez accueilli » (Mt 25, 35)»(…).

 

La dignité de toutes les vies fragiles

Le mardi 14 mars, sur une grande chaîne nationale, la météo était présentée par une jeune femme trisomique. Quel bonheur de voir son stress, sa joie et sa fierté. Cela ne fait que souligner l’engagement des familles et de la société pour entourer les personnes porteuses de handicaps et leur permettre de s’épanouir au maximum de leurs capacités. Qui pourrait dire que ces vies ne méritent pas d’être vécues et qu’elles n’apportent rien à notre société ?  Les progrès scientifiques fournissent des informations qui étaient ignorées auparavant. Cela devrait déboucher sur de meilleures thérapies et non sur une culture qui, voulant l’enfant parfait, recommande d’éliminer l’embryon porteur de handicap. L’Église catholique est toujours engagée pour redire la dignité de toute personne humaine de sa conception à sa mort naturelle(…).

La famille: une richesse

(…)La famille est un lieu essentiel d’humanisation, d’apprentissage de la vie et de l’amour, un soutien tout au long de l’existence, un lieu de bonheur quand les inévitables épreuves sont traversées dans l’humilité, le pardon et la confiance. Dans l’exhortation apostolique « la joie de l’amour », le Pape insiste sur l’importance des familles pour la bonne santé de la société : « …La famille est un bien dont la société ne peut pas se passer mais elle doit être protégée(…) Les familles ont, parmi d’autres droits, celui de pouvoir compter sur une politique familiale adéquate de la part des pouvoirs publics dans les domaines juridique, économique, social et fiscal » (n°44)(…).

 La place des musulmans dans notre société

(…)Notre société hésite sur la place à faire à la religion musulmane dans notre pays, (…) et du coup elle se pose à nouveau la question du fait religieux et de sa manifestation dans le paysage social. Plus qu’un risque cette question est un défi qu’il nous faut ensemble relever. Il est nécessaire que du sein de la population française musulmane se lèvent des responsables qui aident leurs frères à inscrire la pratique de l’Islam dans notre République. Pour nous, catholiques, nous savons que seuls le dialogue et la rencontre permettent de grandir dans la connaissance et le respect mutuel. Les différences ne deviennent des richesses que lorsqu’elles se rencontrent et cherchent les voies d’une forme de communion, de respect et d’estime(…).

Regarder l’avenir de l’Europe avec confiance

Ce 25 mars, se fêtait à Rome le soixantième anniversaire de la signature des traités de Rome, acte fondateur de l’Union européenne. Le Pape a reçu les 27 chefs d’État. Il les a encouragés dans leurs responsabilités en rappelant ce qui a guidé les pères fondateurs :« la centralité de l’homme, une solidarité effective, l’ouverture au monde, la poursuite de la paix et du développement, l’ouverture à l’avenir… ». Beaucoup de voix s’expriment pour que l’Europe retrouve cet esprit solidaire qui a présidé à son histoire.

 

 

Monseigneur Georges Pontier
Archevêque de Marseille, président de la Conférence des évêques de France

Lourdes :28 mars 2017

Article publié par Cathocambrai • Publié le Samedi 29 avril 2017 • 2483 visites

keyboard_arrow_up