La campagne pour l'élection présidentielle bât déjà son plein. En ce temps de carême, il est bon de prendre quelques résolutions, priant les uns pour les autres afin de ne pas les oublier(1).
Résolution un : Dans ce temps d'hyper médiatisation, nous resterons prudents devant la surenchère des informations qui seront diffusées ; nous renoncerons aux calomnies et médisances ; nous rechercherons avec précaution dans tout ce qui est dit ce qui est le plus vrai et le plus juste pour tous, en particulier pour ceux et celles qui souffrent le plus.
Résolution deux : Nous n'attendrons pas du pouvoir politique plus qu'il ne peut donner. Par exemple, ce n'est pas au président de la république de nous provoquer à une véritable conversion de notre mode de vie : or, ce mode de vie auquel nous nous sommes habitués depuis des décennies ne pourra pas être celui de tous les pays du monde ni même se maintenir perpétuellement tel quel chez nous. Il nous faut choisir dès aujourd'hui le renoncement à la surconsommation, une manière de vivre plus simple et sans doute plus heureuse. Depuis longtemps et avec d'autres, les papes et les évêques appellent chacun à reconsidérer sa façon de vivre, à privilégier l'être plus que l'avoir. A bien des égards, avec l'Évangile de l'Esprit, nous sommes mieux équipés que beaucoup d'autres pour choisir cette conversion plutôt que de la subir. Et le temps du Carême est là pour nous y provoquer.
Résolution trois : Nous devrons voter en conscience ; un vote ne peut être simplement dicté par l'habitude, par l'appartenance à une classe sociale ou par la poursuite des intérêts particuliers. Le baptisé doit être un citoyen responsable qui vote plus "pour" que "contre", en gardant vigilance sur quelques questions particulièrement sensibles, toutes importantes :
P le respect de la vie, de la plus embryonnaire à la plus vieille et fragile,
P l'aide économique et sociale aux familles, familles fondées sur l'union durable de l'homme et de la femme,
P l'attention particulière aux enfants et jeunes en difficultés scolaires,
P le soutien institutionnel et financier des collectivités à l'heure de l'entrée dans la vie professionnelle des jeunes,
P le soutien aux associations qui, dans les quartiers les plus difficiles, font tout pour éviter les violences et les trafics,
P le respect non seulement d'une écologie dans la nature mais d'une "écologie humaine" (l'expression est de Benoît XVI), qui serve véritablement l'équilibre spirituel de l'homme et de la femme,
P la recherche d'une plus grande équité dans les salaires ; l'équilibre de la société exige la correction des écarts disproportionnés des richesses,
P la reconnaissance pour tout homme du droit d'émigrer pour améliorer sa situation. Si la régulation des migrations est nécessaire, elle ne peut se réduire à la fermeture protectrice des frontières et doit permettre d'accueillir au mieux ceux qui prennent tous les risques en quittant leur pays,
P le respect absolu de toutes les personnes handicapées et le refus d'un dépistage prénatal systématique qui risquerait de déboucher sur l'élimination de toute personne porteuse d'un handicap probable,
P l'accompagnement digne, respectueux de toutes les fins de vie et donc le développement des soins palliatifs,
P la défense d'un vrai projet pour l'Europe : les chrétiens désirent qu'elle permette à ses habitants d'agir de façon responsable, avec les ressources spirituelles, morales, économiques et politiques qui sont les leurs pour le bien de l'ensemble du monde.
P le respect absolu, partout, de la liberté de conscience et d'une laïcité qui garantissent le libre exercice des cultes et le droit à l'expression religieuse publique, pourvu qu'elle ne dérange pas l'ordre de la cité.
XFrançois Garnier
Archevêque de Cambrai
(1) Je puise les éléments de cet article dans la déclaration du Conseil Permanent des Evêques de France parue le 3 octobre 2011. On peut la trouver sur le site de la CEF (Conférence des Evêques de France).