Toi, l'Eglise...

Edito du 17 avril 2008

Toi, l'Église…

 

 

 

     J'aime ce que Péguy dit de l'Espérance[1]. On peut le dire de l'Église !

 

"On se demande, on dit : Mais comment que ça se fait

Que cette fontaine Espérance éternellement coule,…

 

Comment que ça se fait que cette éternelle fontaine

Eternellement jaillisse.

Que cette éternelle source

Eternellement source.

Il doit y avoir un secret là-dedans

Quelque mystère.

 

Comment elle s'y prend (l'Espérance)

Pour faire de l'eau jeune avec de l'eau vieille.

 

Des jours jeunes avec de vieux jours.

De l'eau neuve avec de l'eau usée.

 

Des sources avec de la vieille eau.

Des âmes fraîches avec des vieilles âmes…

Des matins jeunes avec des vieux soirs…

 

Comment elle y réussit, comment elle s'y prend,

Ça, mes enfants, c'est mon secret,

Parce que je suis son Père."

 

      Merveilleuse Église, toute à la fois vieille femme et jeune fille : elle traverse les siècles sous le regard vigilant du Père, aimée de son Fils Jésus, mystérieusement fécondée par l'Esprit ;

      Église qui ne se renouvelle qu'en courant à l'Évangile comme au seul trésor qui grandit quand on le partage ;

      Église à jamais levain dans la pâte lourde du monde, lumière dans les nuits de l'homme et sel pour redonner goût de vivre ;

      Église source, qui "fait de l'eau neuve avec de l'eau usée" par ses sacrements, sources de nos renouvellements les plus inattendus ;

      Église qui ne se préoccupe pas tant de sa propre réussite que de celle de la vie de tout homme, de toute femme, de tout enfant ;

      Église qui met en valeur ceux et celles qui, d'où qu'ils viennent, renoncent à leur tranquillité, à leur sécurité et même à leur santé s'il faut servir ;

      Église qui fait que se rencontrent les hommes et les femmes de bonne volonté qui, sans aucun souci de l'audimat, des opinions majoritaires, des modes qui passent et des réactions trop affectives cultivées par les médias, cherchent, à contre courant, de nouveaux modes de vie plus simples peut-être, mais infiniment plus heureux ;

      Église dont les fils et les filles les plus fidèles sont toujours, avec d'autres, aux côtés des enfants maltraités, des jeunes en galère, des migrants à respecter, des prisonniers à visiter, des malades à écouter, des familles en deuil à consoler : ils ont compris que l'amour seul est digne de foi !

 

 

      Toi, l'Église des saints et saintes qui s'ignorent…, nous t'aimons !

 

 

X François GARNIER

Archevêque de Cambrai

 



[1] Charles PEGUY – Le porche de la deuxième vertu.

Article publié par Secrétariat DIOCESAIN • Publié le Jeudi 17 avril 2008 • 4911 visites

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