Béatifiés le 19 octobre 2008, Louis Martin et son épouse Zélie ont été déclarés saints le 18 octobre dernier. En plein Synode de l’Église Universelle sur la Famille ! L’Église nous offre un signe magnifique : la sainteté simple d’une famille ordinaire.
Au milieu du dix neuvième siècle, la sainteté, c’est la vie religieuse : Louis et Zélie qui ne se connaissent pas, se sentent tous deux appelés à la vie religieuse, Louis chez les chanoines du Grand Saint Bernard et Zélie chez lez Filles de la Charité. Mais Louis ne sait pas le latin ; quant à Zélie elle s’entend dire clairement par la Supérieure qu’elle n’a pas la vocation… Pour tous les deux, c’est un échec à assumer.
Il faut bien vivre : Louis se forme à l’horlogerie et Zélie aux points de dentelle d’Alençon. Deux métiers qui demandent silence et concentration.
Ils ont 34 et 26 ans lorsqu’ils se rencontrent ; ils se marient trois mois après en 1858 ; Zélie ignore tout de la vie conjugale, mais elle aime son époux tout en regrettant de ne pas être religieuse. Ils auront neuf enfants, dont quatre mourront en bas âge. Survivent cinq filles dont la dernière, la petite Thérèse. Une vie quotidienne de sainte famille s’organise ; chaque jour est vécu dans la foi et la charité malgré les épreuves. On participe à la messe à 5H30 : « Dieu premier servi » est la devise de Louis.
Et voilà que Zélie, à 45 ans, apprend qu’elle a un cancer et qu’elle est condamnée. Elle meurt huit mois après. Louis se retrouve seul avec ses cinq filles lesquelles entreront au Carmel de Lisieux les unes après les autres sauf Léonie qui fera le choix de la Visitation.
Louis aussi est malade : une artériosclérose cérébrale ; il s’offre à Dieu ; il va perdre la tête ; il faut l’interner. Dans ses moments de lucidité, il répète : « Tout pour la plus grande gloire de Dieu »… Il refuse une chambre individuelle ; il veut la salle commune des plus pauvres. Il meurt en 1894 ; il a 71 ans.
Un couple a traversé toutes les épreuves de la vie dans la confiance absolue en Jésus le Christ. Rien n’a entamé sa foi, une foi vivante et simple, ancrée au plus profond de leur cœur. Peu de temps avant sa mort, Zélie écrit à son frère : « Je ne puis écrire plus long, mes forces sont à bout. Si la Sainte Vierge ne me guérit pas, c’est que mon temps est fait et que le Bon Dieu veut que je me repose ailleurs… » Dans une autre lettre : « Le mieux est de remettre toute chose entre les mains du Bon Dieu et d’attendre les évènements dans l’abandon à sa volonté… »
Quant à Louis, il disait : « Hors aimer Dieu et le servir, tout n’est que vanité » : l’essentiel est dit.
+ François Garnier
Archevêque de Cambrai