Sainte Mariam
Une femme arabe palestinienne
canonisée par le Pape François
Voilà des années que j’attends cette joie.
Pour que l’on n’oublie jamais la part précieuse que sont les arabes chrétiens dans les pays à majorité musulmane.
Pour que l’on n’oublie pas qu’ils sont chrétiens depuis les origines. Et qu’ils le sont restés et le restent, malgré les persécutions qu’ils endurent encore aujourd’hui au Proche-Orient (Syrie – Irak) et dans de trop nombreux pays d’Afrique.
Mais surtout pour que l’on découvre la foi lumineuse d’une jeune palestinienne. Elle tient en une seule de ses paroles que je cite de mémoire : « Je suis allée en enfer ; j’y ai vu quantité de qualités mais pas l’humilité. Je suis allée au ciel ; j’y ai vu quantité de défauts, mais pas l’orgueil ». Génial !!!
Mariam naît en 1846 dans un petit village de Galilée. Elle est très vite orpheline. Adoptée par son oncle, elle le suit lorsqu’il s’installe en Egypte. Elle refuse un mariage qu’il veut lui imposer… elle n’a que douze ans… Elle refuse la conversion à l’Islam qu’un serviteur colérique et violent exige d’elle.
Elle va s’en aller de ville en ville (Alexandrie, Jérusalem, Beyrouth, Marseille) comme petite servante, le plus souvent de familles pauvres.
A Marseille, elle est accueillie comme postulante parmi les sœurs de Saint Joseph. Elle a 19 ans mais en paraît 13. Elle est de toute petite santé. Elle passe une grande partie de son temps à la cuisine et à la lessive. Elle reçoit la grâce des stigmates, qu’elle prend dans sa simplicité pour une maladie à cacher… Chaque semaine, elle revit la Passion de Jésus. Les grâces les plus étonnantes qu’elle reçoit (extases, visions….) déconcertent ses sœurs et font qu’après deux années de noviciat, elle n’est pas admise dans la congrégation.
C’est alors qu’elle est accueillie au Carmel de Pau. Elle prend l’habit et y reçoit le nom de Sœur Marie de Jésus Crucifié. Elle demande d’assurer les services les plus humbles. Elle a du mal à réciter les psaumes de l’office. Elle reste comblée de grâces déconcertantes. Elle n’en tire aucun orgueil. Elle s’appelle elle-même « le petit rien… »
A 24 ans, Mariam est envoyée en Inde avec un petit groupe pour fonder le premier carmel à Mangalore. Quelle aventure. Le voyage en bateau n’en finit pas. Trois sœurs y perdent la vie. Mariam est l’âme des travaux, mais les expériences spirituelles extraordinaires qu’elle vit suscitent des tensions dans la communauté et provoquent son retour à Pau.
Elle y retrouve une vie simple au milieu de l’affection de ses sœurs. On vient chercher près d’elle un conseil, un réconfort, une prière. Chacun repart comblé. Mais voilà que Rome permet la fondation d’un carmel à Bethléem. Elle est choisie pour réaliser cette fondation : elle est la seule qui parle arabe ; elle est chargée de surveiller le chantier. Elle a toute la sympathie des ouvriers : c’est en leur portant à boire qu’elle tombe d’un escalier et se fracture un bras : une gangrène violente provoque sa mort rapide.
Béatifiée par Saint Jean Paul II en 1983, elle va devenir la première petite sainte palestinienne, canonisée par le pape François le 17 mai prochain.
Que sa canonisation soit un baume sur toutes les blessures endurées par nos frères chrétiens d’Orient, notamment sur celles des communautés chrétiennes de Palestine.
+ François Garnier
Archevêque de Cambrai