"El Roï".
Mais de quoi s'agit-il ?
Quel est ce mot mystérieux ?
Il est une bonne nouvelle !
Tellement bonne que je souhaite que nous appelions tous notre Dieu comme cela !
Ce nom, c'est une femme de la Bible qui le lui donne. Une femme, une païenne, une égyptienne qui ne sait pas qu'en son temps, personne n'avait le droit de donner un nom à Dieu ; donner un nom à quelqu'un, c'est avoir un grand pouvoir sur celui que l'on nomme ! Demandez-le à tous les enfants qui souffrent du prénom bizarre que leur ont donné leurs parents et qu'il faudra supporter toute leur vie !
Or, une païenne a eu l'audace de donner un nom à Dieu et de l'appeler El-Roï : il s'agit d'Agar, la servante égyptienne d'Abraham.
On sait que Sarah, la femme d'Abraham, était stérile. Ainsi que la coutume l'exigeait – il fallait avoir à tout prix une descendance pour survivre au désert -, Sarah offre sa servante Agar à son mari. Mais elle devient tellement jalouse de sa servante enceinte qu'elle exige d'Abraham qu'il la chasse dans le désert. Ce qu'Abraham finit par faire.
Et là, près d'une source "qui est sur le chemin de Shur" en plein désert du Néguev (Gn 16, 7-13), Agar, perdue, abandonnée et désespérée, se tourne vers Dieu et lui donne le nom de "Toi au moins, tu me vois !"
Quelle bonne nouvelle pour nous tous, à l'heure où chacun pourrait croire, en voyant ses infidélités, que Dieu ne le voit plus ! Si, il nous voit et nous espère !
Bon Carême.
+ François Garnier
Archevêque de Cambrai