Le playdoyer pour l'Afrique

Edito du 10 juillet 2008

LE PLAYDOYER POUR L’AFRIQUE

8ème Assemblée Plénière de l’ACERAC

 

 

     Une soixantaine d’Evêques de l’Afrique Centrale (République Centrafricaine, Tchad, Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale et Congo Brazzaville) vont travailler pendant une semaine à Bangui, «pour une meilleure gestion des biens dans nos Églises d’Afrique Centrale». Comme délégué des Evêques de France, j’ai la chance et la joie de participer à leurs travaux.

 

     Dans notre diocèse, nous avons choisi plusieurs moyens très concrets pour aider financièrement les Églises d’Afrique les plus pauvres.

 

     Il y a chaque année la quête pour les Missions, pour les Œuvres Pontificales Missionnaires : elle se devrait d’être la plus silencieuse de toute l’année, vous me comprenez !

 

     Notre diocèse prélève chaque année 1% de toutes ses ressources, pour les Églises d’Afrique et de Madagascar, ce que choisissent de plus en plus nos paroisses.

 

     L’opération « un cadeau pour moi ? un cadeau pour lui ! » que nous avons lancée il y a trois ans nous a permis de financer plusieurs milliers « d’écolages » (le coût d’une année d’école pour des enfants orphelins ou abandonnés). On sait de quoi il s’agit : chaque enfant choisit de renoncer vraiment à l’un de ses nombreux cadeaux de Noël, et c’est un de ses amis d’Afrique ou d’ailleurs qui sera scolarisé toute une année. Cette année nous allons demander aux adultes de faire le même choix, afin de ne pas proposer aux plus petits ce que nous ne ferions pas nous-mêmes, afin aussi de lutter tous ensemble au grand gâchis que Noël devient souvent !

 

     Il y a aussi, et c’est le plus important, la multitude des initiatives d’entraides entre les paroisses et tel ou tel prêtre, religieux, religieuse que l’on connaît davantage.

 

     Il y a enfin la participation discrète de chacun de nous à l’aide d’urgence (telle catastrophe, guerre, tsunami, famine…), au développement durable et au don de l’Evangile, ces trois objectifs qui assurent ce que Jean-Paul II appelait le « développement intégral de l’homme », ces trois objectifs à servir ensemble et qui sont ceux notamment du Secours Catholique, du CCFD et des OPM (Œuvres Pontificales Missionnaires).

 

     Il arrive que certains d’entre nous se désespèrent devant l’inefficacité apparente de leur générosité fidèle pour l’Afrique et Madagascar : « on n’arrête pas de donner et rien ne change… » « A quoi servent réellement nos dons ? » « N’y a-t-il pas de la corruption ? Des détournements de fonds ? »

 

     Je prie pour que ces questions souvent entendues ne freinent pas l’élan de nos solidarités.

     Sait-on suffisamment que les épreuves actuelles de nos sociétés riches, l’augmentation du prix du pétrole, des produits alimentaires et des matières premières, le pouvoir d’achat fragilisé, sont de véritables catastrophes pour les pays les plus pauvres de la planète ?

 

     Quand un plein de gazole vaut deux ou trois salaires moyens, quand un pays ne produit plus d’abord les cultures vivrières dont ses habitants ont besoin pour se nourrir, quand ses propres ressources minières sont exploitées pour ne pas dire pillées, quand des vendeurs d’armes profitent de tous les conflits ethniques, quand un classement mondial des nations situe la République Centrafricaine au  171ème rang sur 177, on devrait tous comprendre que le temps de geler ou de diminuer notre solidarité financière en faveur de nos frères les plus pauvres ,n’est vraiment pas venu.

 

 

X François GARNIER

Archevêque de Cambrai

Article publié par Secrétariat DIOCESAIN • Publié le Dimanche 13 juillet 2008 • 4735 visites

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