IL N'Y A PAS D'ORGUEIL AU CIEL
Toussaint 2009
« Je suis allée en enfer :
j’y ai vu beaucoup de qualités, mais pas d’humilité.
Je suis allée au ciel :
j’y ai vu beaucoup de défauts, mais pas l’orgueil. »
… Parole étonnante de sœur Myriam, carmélite de Bethléem, première Palestinienne canonisée, sainte sœur Myriam !
L’important, c’est de savoir que le ciel est sans orgueil et que l’enfer grandit quand il n’y a plus d’humilité. Et que cela vaut pour aujourd’hui et pour demain, pour l’en deçà et l’au-delà de la mort, pour cette terre où nous avons mission de faire du ciel, et pour ce ciel définitif que Dieu veut partager avec nous.
Pour nous tous, pour moi comme pour vous, voilà de quoi tenter d’apprendre de Jésus l’humilité qu’il a dans toutes les rencontres qu’il vit.
Notre monde est dur : l’appréhension devant demain, l'insécurité aujourd'hui, la montée des intolérances, les « vérités » assénées qui s'affrontent dans la haine, la puissance des opinions majoritaires, la violence des armes, le refus de questionner le moindre de ses avantages, tout cela – qui ne fait pas du ciel – entraîne la très grande difficulté, quand ça n'est pas l'impossibilité de se rencontrer, de s'écouter vraiment, longuement, humblement. Vraiment, en refusant de couper la parole, en oubliant l'envie de répondre trop vite et le désir d'avoir raison. Longuement, parce qu'il faut du temps pour que l'appréhension tombe, que la peur s'efface, que les mots les plus justes se trouvent. Humblement, dans l'assurance qu'il y a toujours une richesse en chacun, quelle que soit la couleur de sa peau, de sa foi ou de son parti, quelles que soient ses blessures ou ses échecs.
Notre terre est dure : elle a besoin des humbles ! Ils font du ciel sur la terre ! Ils disent à chacun, chacune : « Tu sais, j'ai besoin de toi », que tu sois croyant ou incroyant, semblable ou différent, pacifié ou révolté, heureux en ménage ou divorcé, en bonne santé ou gravement malade, à l'aise dans l'Église ou en bataille avec elle. « J'ai besoin de toi », même si tu as peur de moi parce que tu as choisi d'avorter, de te prostituer, de falsifier la justice ou de t'abîmer dans les paradis artificiels. « J'ai besoin de toi », comme de mon frère et de ma sœur les plus proches, comme le Christ a besoin de toi. Je voudrais d'abord t'écouter, vraiment, longuement, humblement, comme le Christ t'écoute. Simplement pour te donner envie de faire route avec LUI !
« Mon frère si prochain
Mon frère si lointain
Si tu n'étais pas là, ô loup qui me dévore
Je serais plus heureux peut-être, mais moins beau
Car la lutte avec toi fait surgir une aurore… »
Bonne fête de Toussaint.
X François GARNIER