Vatican II, c'est aujourd'hui

 

Vatican II, c'est aujourd'hui !
 
 
 
1962 : à la surprise de tous, le bon pape Jean XXIII ouvre le Concile. Plus de 2000 évêques venus de la terre entière vont prier et travailler pour se mettre à l'écoute de "ce que l'Esprit Saint dit aux Églises" (Apo 2 et 3) afin de pouvoir dire, aux termes de leurs travaux : "L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé que…" (Ac 15, 28)
 
Je viens d'entrer, tout jeune bachelier, au séminaire de Dijon, à l'heure où notre évêque, Monseigneur André Charles de la Brousse, fait la valise pour la première session de Vatican II.
 
Je me souviens de l'immense curiosité que nous avions dès ses retours de Rome. Il n'y avait ni internet, ni téléphone portable. Nous avions hâte de l'entendre nous dire à quelles conversions l'Esprit provoquait son Église.
 
Aujourd'hui, je puis dire que si je suis prêtre, c'est bien sûr en premier lieu, par la grâce du Seigneur qui fait ce qu'il peut avec le pauvre serviteur que je reste, mais c'est aussi grâce au Concile, un Concile qui reste plus que jamais d'actualité. Vatican II c'est aujourd'hui !
 
Le Concile Vatican II m'apprend aujourd'hui comme hier à "aimer le monde". Oh, sans naïveté ! Il est le lieu de tant de violences et d'injustices…
Mais "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils Unique". Le monde est d'autant plus à aimer qu'il est malade. Et le malade ne peut guérir que s'il est aimé. D'où l'urgence pour chaque baptisé confirmé de ne pas oublier que sa première mission est d'être signe du Christ avec d'autres dans ce monde !
 
Le Concile Vatican II m'apprend à aimer l'Église. Là, encore sans naïveté ! Toutes ses faiblesses sont les nôtres ; toute sa sainteté est celle du Christ. Mais j'aime l'Église tout à la fois "Peuple de Dieu", "Corps du Christ" et "Temple de l'Esprit" – les trois expressions ensemble sans en oublier une seule !
"Peuple de Dieu", l'image horizontale du peuple marchant à travers le désert, où tout le monde essaie de marcher dans le sillage du Christ, du Saint Père à celui qui se croit le plus petit des baptisés.
"Corps du Christ" dont le Christ est la tête, ce que comme évêques unis au Pape nous ne devons pas oublier ! dont chaque membre est d'autant plus nécessaire que tous les autres ont besoin de lui, encore serait-il le moins glorieux ou le plus faible.
"Temple de l'Esprit", enfin, où la plus grande sainteté peut surgir de façon inattendue dans les groupes les plus variés à la condition que les charismes les plus surprenants acceptent la rencontre du charisme hiérarchique.
 
Le Concile Vatican II m'apprend aujourd'hui comme hier à vivre intensément toutes les liturgies, les sacrements en particulier. Ils sont les rencontres les plus sûres du Seigneur ! Ils sont la route qui nous change ! Ils nous font écouter la richesse toujours renouvelée de sa Parole ! Ils nous donnent sa vie ! Ils nous remettent en marche ! Ils sont la source de nos courages missionnaires sans cesse à renouveler !
 
Le Concile Vatican II m'apprend aujourd'hui comme hier l'urgence de l'Unité entre tous les chrétiens. Non seulement pour faire nombre, mais tout simplement, selon les mots même de la prière de Jésus, "pour que le monde puisse croire…" (Js 17). Dans un monde largement déchristianisé, à quoi ressemblent nos divisions ? Bien sûr, l'œcuménisme ne peut être en aucun cas une trahison de la vérité, mais la plus grande vérité à chercher est devant nous ; elle est encore à recevoir de l'Esprit Saint patiemment.
 
Enfin, le Concile Vatican II m'apprend aujourd'hui comme hier l'importance de la liberté religieuse : la déclaration conciliaire qui en parle n'est pas une charte d'indifférentisme ou de relativisme ! Elle affirme seulement que "tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu'en matière religieuse nul ne soit forcé d'agir contre sa conscience ni empêché d'agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d'autres. Le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine, telle que l'ont fait connaître la parole de Dieu et la raison elle-même".
 
      Chacun voit que le Concile n'a rien perdu de son actualité.
      Cinquante ans après, qu'il nous réveille !
 
 
 
 
 
François Garnier
Archevêque de Cambrai
 

Article publié par Cathocambrai • Publié le Mardi 23 octobre 2012 • 2390 visites

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