Diocèse de Cambrai - Recherche Avenir

Rapport présenté au Conseil Permanent de l'Eglise de France (14 mai 2012)

 

 Bulle Bulle  © FG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au commencement : une réco de 3 jours avec les 25 prêtres les plus jeunes du diocèse… Leur constat : "on se regarde toujours entre nous". Leur souhait : un "audit" : un regard venu d'ailleurs serait à risquer.

 

De la résistance à l'acceptation : je résistais personnellement à "l'audit" à cause de l'image que j'en avais : il se termine souvent par le licenciement des uns et par la surcharge des autres. j'ai dépassé ma résistance grâce à la confiance que j'avais pour un des consultants professionnels (Jean-Louis). Il venait de prendre sa retraite mais m'assurait pouvoir travailler bénévolement avec les 2 autres professionnels. L'une des deux avait été baptisée enfant mais se présentait comme incroyante ; et l'autre, d'origine asiatique, était marquée par le bouddhisme.

 

Remarques diverses :

 

Les consultants voulaient pouvoir travailler avec plus de 100 diocésains, répartis en une dizaine d'équipes mélangées (prêtres, diacres, religieux et laïcs) sauf une, composée uniquement de prêtres.

Chaque équipe a dû passer 3 ou 4 jours entiers sur 2 ans, avec les consultants.

 

J'ai choisi de n'intervenir en rien sur la liste des participants, la composition des équipes et le déroulement des opérations. J'ai demandé à une maman faisant partie du Conseil épiscopal de s'en charger en le faisant avec les membres du Conseil épiscopal.

 

J'ai toujours reçu la responsable des consultants dès qu'elle le voulait. Par ailleurs, les trois consultants sont venus passer plusieurs jours avec le Conseil épiscopal pour améliorer réellement notre manière de travailler.

 

Les consultants ne s'attendaient pas à une difficulté majeure : alors qu'ils cherchaient des réponses sur le "quoi faire" dans la situation actuelle, ils se sont rendus compte que la question de fond portait sur le "comment être".

 

Enfin, il était clair que la restitution des résultats serait remise à l'évêque, lequel gardait toute sa responsabilité quant aux suites à donner.

 

Tous les participants ont été heureux de l'expérience. Cela se voit à la peine qu'ils se donnent pour en faire connaître les fruits. Ils en assurent eux-mêmes la restitution.

 

Quant aux deux consultants non croyants du groupe, ils ont été profondément bouleversés par les croyants qu'ils ont rencontrés.

 

Les fruits

 

            Sur l'être                      

 

1.      le changement profond qui nous est proposé n'est pas d'abord le changement dans les manières "de faire", mais le changement dans la manière "d'être"

P  d'être véritablement croyants : des non croyants ont mis en lumière très souvent notre peu de foi,

P  d'être en Église réellement solidaires,

P  d'être ouverts à la société tout entière, non repliés dans le pré carré de nos habitudes et de nos sécurités.

 

2.      Il s'agit d'une véritable conversion individuelle et collective, qui fait passer chacun et tous "de la plainte à l'engagement", du "ils" au "nous" ; il s'agit pour chacun de retrouver sa responsabilité et le désir de s'engager. Il est si facile de critiquer et d'attendre des autres la conversion qu'on ne veut pas vivre soi-même.

 

3.      Il y a tout au long de la restitution un appel à vivre une charité réelle entre nous. Les consultants ont bien vu en quoi

P  les mesquineries, jalousies, affrontements stérilisaient la mission,

P  c'est le "Voyez comme ils s'aiment entre eux" et le "Voyez comme ils servent les autres" qui la fécondent,

P  en plus, il y a une fausse charité qui nous joue des tours. Sans la vérité, la charité est molle, et sans la charité, la vérité est dure.

 

4.      Les consultants ont bien vu en quoi chacun risque de vivre son ministère ou sa charge ecclésiale de manière trop libérale.

 

                     Ils nous appellent à une véritable solidarité dans l'acceptation des lois admises par tous. Cela suppose l'acceptation d'une autorité qui ne soit pas abusive, qui accepte la confrontation.

                     Mais lorsqu'une directive pastorale est donnée, on peut la discuter, la questionner, mais on l'applique tant qu'elle n'est pas changée.

                     Il y en a 4, depuis 10 ans, dans le diocèse :

P  concernant les obsèques,

P  concernant la prière discrète qu'on peut vivre avec des divorcés qui se remarient,

P  concernant le dimanche,

P  concernant la confirmation.

                              qui ont toutes été travaillées avec tous les conseils possibles…

 

sur le faire

 

1.      l'urgent est de réveiller la responsabilité des baptisés. Là où ils vivent, ils sont les responsables premiers et permanents de Jésus, de l'Évangile et de l'Église, que leur curé soit là ou non.

 

2.      Dans le même temps, recentrer le ministère des prêtres sur le cœur de leur mission (cf les questions posées au jour de leur ordination), afin de leur donner la possibilité d'une mission de plus en plus itinérante.

 

3.      Il y a donc un véritable changement de logiciel à opérer : les baptisés sont les responsables locaux de la mission, et les prêtres, quand ils passent, sont les entraîneurs et les arbitres des équipes locales de laïcs qui les accueillent et qu'ils visitent.

On n'est plus là pour "aider Monsieur le Curé", mais Monsieur le Curé passe pour nourrir et vivifier tous les responsables ordinaires de l'Evangélisation.

Il restera à préciser la mission originale des diacres permanents.

 

4.      Suite à Recherche-Avenir et pour répondre à l'un de ses souhaits je rencontre actuellement tous les prêtres doyenné par doyenné (une journée) :

à le matin : une réco sur notre "être croyant"

à l'après-midi : un partage très court mais très libre sur le "comment faire".

 

            Avec le Conseil épiscopal, nous sommes d'accord sur trois urgences :

 

Pau niveau du terrain,

 

Renforcer les Equipes/Relais / Points d'appui locaux / Communautés Ecclésiales de Base : ces équipes sont en charge de la mission de proximité au plus près des gens. Depuis 8 ans, nous en avons près de 350 (dans les villages ou groupes de villages et dans les quartiers) :

§  1/3 sont vivantes

§  1/3 peu vivantes

§  1/3 pas vivantes du tout.

           

Comment repréciser leur mission ? Avec quels responsables ? Deux par deux ? (cf les expériences africaines) pour combien de temps ? Comment les rajeunir ? Souvent composées d'aînés, elles en restent souvent à l'aide apportée à Monsieur le Curé.

 

Pau niveau des paroisses (51),

 

                        De plus en plus de curés ont la charge de plusieurs paroisses. L'un d'entre eux, en a déjà trois, avec 85000 habitants… C'est plus d'habitants que le diocèse de Mende.

               Il nous semble nécessaire, le plus souvent, de garder en chaque paroisse une Equipe d'Animation de la Paroisse et un Conseil économique chargé d'assurer les ressources et de servir la pastorale. Nous voulons résister à réduire le nombre de ces conseils en fonction de notre petit nombre de prêtres. Mais pour que cela soit viable, il ne faut plus que le curé soit celui qui convoque et anime tous ces conseils. Présent dans ces rencontres, aucune décision grave ne se prend sans lui. Il nous semble nécessaire d'aller vers la nomination de "coordinateur laïc" de ces conseils. Comment les nommer ? Par qui ? Pour quelle durée ? Deux par deux ? … Il y a une véritable confiance aux laïcs à choisir.

 

Pau niveau des doyennés (12) ou de groupes de paroisses,

 

               Il nous semble de plus en plus nécessaire de mettre en place des "assistants paroissiaux ou interparoissiaux", bénévoles ou salariés ; nous aurons à préciser le contour de leur charge, mais dès maintenant nous pourrons les imaginer responsables

·         de l'organisation de l'accueil dans les maisons paroissiales,

·         de la communication des informations,

·         des convocations aux diverses réunions,

·         des listes (catéchisme, confirmation, …)

·         de la gestion du calendrier des baptêmes, mariages, obsèques, messes avec le souci de la présence des ministres ordonnés quand elle est nécessaire ou dès qu'elle est possible,

·         du souci de la tenue des actes administratifs,

·         des travaux immédiatement nécessaires à engager avec l'accord du Conseil économique.

·        

 

NB 1 :            Nous savons que tout cela suppose des formations et du financement.

 

NB 2 :           Et bien sûr, nous savons que tout ceci nous oblige à garder le souci d'appeler des jeunes et des moins jeunes "à tout quitter pour le Christ" notamment dans la mission de prêtres à la manière des apôtres.

 

NB 3 :            Il nous arrive de dessiner les contours d'une semaine type de curé :

-    les samedis et dimanches : tout faire pour qu'il puisse rassembler la communauté autour d'une eucharistie particulièrement belle à heure fixe et en lieu fixe, chaque dimanche. Ce qui n'enlève pas la possibilité de célébrer des messes dominicales le samedi soir ou le dimanche matin dans d'autres lieux que le lieu central.

-    le lundi : tout faire pour le laisser libre (repos, ressourcement, détente, …)

-    le mardi : pourrait être une journée où il pourrait assumer une mission autre que paroissiale (mouvements, services) ou vivre des temps de formation permanente.

-    du mercredi au vendredi : trois jours pour qu'il puisse vivre une mission plus itinérante de proximité, de clocher en clocher, de quartier en quartier auprès de toutes les "équipes-relais", quel que soit le nom que nous trouverons pour elles dans le synode provincial espéré.

 

X François Garnier

Archevêque de Cambrai

 

Article publié par Cathocambrai • Publié le Dimanche 08 juillet 2012 • 3376 visites

keyboard_arrow_up