Editos 2007
Merci, les prĂŞtres !
Edito du 19 avril 2007
 

MERCI, les prĂŞtres !

(Homélie de la Messe Chrismale [1]

Ă  Douai Saint-Pierre le 3 avril 2007)

 

 

      Chers amis,

 

 

      L'huile, on le sait, traverse les cuirs les plus durs. Elle les rend souple, mais pas mous ; elle les rend fermes, mais pas durs. Que l'huile sainte traverse ce soir notre peau de baptisĂ©s, de confirmĂ©s et d'ordonnĂ©s. Qu'elle nous traverse et nous attache plus que jamais au Christ LIBRE qui passe paisiblement entre ceux qui le rejettent de Nazareth. Qu'elle nous traverse et nous attache plus que jamais au Christ qui va jusqu'au bout de sa passion d'aimer et de sauver tout homme, toute femme, mĂŞme le gĂ©nĂ©ral syrien et la veuve libanaise, quitte Ă  ĂŞtre arrĂŞtĂ©, trahi, reniĂ©, fouettĂ©, moquĂ©, Ă©crasĂ© sous la croix, mis Ă  nu et crucifiĂ©. Qu'elle nous traverse et nous attache plus que jamais au Christ qui nous offre les deux mots les plus prĂ©cieux de sa prière : "Père, pardonne leur ils ne savent pas ce qu'ils font", "Père, en tes mains je remets mon esprit".

 

 

      Ce soir, je veux remercier le Christ pour vous, frères prĂŞtres et diacres, pour vous aussi, frères sĂ©minaristes. Nous ne savons pas par avance Ă  quelle conversion nous serons appelĂ©s et ce qu'exigera pour nous de suivre le Christ dans les conditions de notre temps. Dans la confiance, nous exposons Ă  Dieu nos manques, nos dĂ©sirs, nos craintes souvent, nos larmes parfois. ProfondĂ©ment, nous savons que l'EvangĂ©lisation est l'Ĺ“uvre de l'Esprit, Ă  laquelle nous apportons notre libre collaboration. MĂŞme si nous n'y voyons pas clair pour entrevoir la ou les formes de l'Église de demain, mĂŞme si nous prĂ©voyons que beaucoup de choses changeront encore, nous offrons au Seigneur notre disponibilitĂ© d'aujourd'hui, prĂŞts Ă  agir selon ce que l'Esprit nous permettra de discerner, et pleins d'espĂ©rance – cette grâce de continuer de marcher quand on en a lourd sur les Ă©paules –, car les promesses du Christ sont solides et fidèles.

 

      Je veux remercier le Christ en particulier pour les frères prĂŞtres "Ă  l'âge de la retraite". Lorsque je les rencontre, je sens la nostalgie d'une autre Ă©poque oĂą la vie ecclĂ©siale Ă©tait plus gratifiante et dynamique : le temps des patros, le temps des nombreuses Ă©quipes de JAC et de JOC, le temps des missions paroissiales, le temps des très nombreux prĂŞtres enseignants ; mais je vois aussi la rĂ©alitĂ© de leur fidĂ©litĂ© en ces temps plus difficiles et leur dĂ©sir de collaborer toujours, Ă  la mesure de leurs forces. Je prie pour qu'avec eux, nous fassions apparaĂ®tre davantage le cĹ“ur de notre vie et de notre ministère, qu'avec eux, nous prenions conscience que notre ministère nous dĂ©passe et que Dieu sait se servir mĂŞme de nos pauvretĂ©s. Qu'avec eux, nous restions totalement au service des hommes pour le Christ. Est-ce par pudeur ? Par humilitĂ© ? Par la trop grande conscience de nos faiblesses ? : nous cachons trop celui qui donne sens Ă  notre vie, Ă  notre service et Ă  nos engagements. Or, nous sommes plus des priants que des faiseurs de cĂ©rĂ©monies ; nous sommes plus soucieux d'une vraie communion entre frères que d'organisation ; nous sommes plus prĂ©occupĂ©s de la communication de la foi que de l'ordre moral. Et cela n'apparaĂ®t pas toujours, tant s'en faut.

 

      Je prie enfin pour que chacun d'entre nous puisse dire au moins Ă  un jeune "Viens et vois". Viens et vois au-delĂ  de nos faiblesses. Viens et vois Celui qui nous anime, nous relève, nous envoie pour rĂ©apprendre Ă  aimer "comme" Il aime. Ne faut-il pas davantage exposer nos personnes que nos fonctions ? Ne faut-il pas davantage conduire Ă  la saintetĂ© de JĂ©sus qu'aux  fragilitĂ©s de nos vies ? Notre ministère est très encombrĂ© : que Dieu nous garde du temps pour le contempler, pour regarder le travail de sa grâce dans beaucoup de ceux et celles qui nous entourent, pour admirer la fĂ©conditĂ© surprenante de l'Esprit dans les dĂ©serts d'aujourd'hui comme dans ceux d'hier. Alors, nous resterons audacieux pour proposer Ă  des jeunes de servir l'Évangile Ă  pleine peau, Ă  plein cĹ“ur, Ă  plein temps.

 

      Chers frères prĂŞtres,

Que la parole d'IsaĂŻe nous touche aujourd'hui.

Que l'Esprit du Seigneur nous consacre encore par l'onction.

Qu'Il nous charge encore de porter la Bonne Nouvelle "aux pauvres, aux cœurs brisés, aux prisonniers, aux aveugles".

Qu'Il nous parfume avec l'huile de la joie de nous savoir aimés.

Qu'Il fasse de nous les "serviteurs de notre Dieu", de ce Dieu unique qui, c'est ainsi que je l'imagine ce soir, enlève délicatement de nos têtes toutes les couronnes d'épines qui pourraient s'y trouver pour nous offrir sa couronne royale.

 

 

 

X François GARNIER

ArchevĂŞque de Cambrai

 



[1] Cette homélie doit beaucoup à une lettre pastorale de Mgr Saint-Macary, ancien archevêque de Rennes.

Article publié par Secrétariat DIOCESAIN • Publié le Jeudi 19 avril 2007 • 6860 visites

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