En ce temps tout à la fois d'inquiétude, les trésors de Vatican II

Edito du 9 novembre 2006

 

 

En ce temps tout à la fois d'inquiétude et

d'espérance, les trésors de Vatican II.

 

 

     En ce temps tout à la fois d'inquiétude et d'espérance, espérance de la communion plénière avec nos frères "intégristes" – comment ne pas l'avoir ? –, mais aussi inquiétude devant leurs déclarations de victoire, blessantes, pour tous ceux et celles qui, humblement, travaillent à mettre en œuvre, dans la plus grande fidélité à l'Église, la rénovation liturgique voulue par le Concile, je veux redire pourquoi j'ai trouvé grand bonheur à devenir prêtre en 1970, à cause bien sûr de mon amour pour le Christ et l'Évangile, mais aussi à cause de mon amour pour l'Église et pour ce que l'Esprit-Saint lui a dit à Vatican II. J'y ai trouvé cinq trésors, cinq appels, que je crois utile de rappeler ; plus de quarante ans après, ils restent les miens.

 

1 –   Il s'agit d'aimer le monde comme Dieu l'aime : "Dieu a tant aimé le monde qu'Il lui a donné son Fils Unique". Il s'agit d'aimer le monde comme le Christ l'aime, de lutter contre le péché, oh oui, mais d'aimer les pécheurs. D'aller à leur rencontre, humblement. Surtout, de ne pas s'isoler dans une Église citadelle assiégée et peureuse.

 

2 –   Il s'agit d'aimer l'Église comme le Concile nous la décrit : tout à la fois Peuple de Dieu, peuple en marche où le plus saint des papes sait encore qu'il n'est qu'un disciple qui marche, un "modeste ouvrier dans la vigne du Seigneur", ainsi que l'a dit Benoît XVI juste après son élection ; Peuple de Dieu et Corps du Christ, dont le Christ seul est la Tête, ce qu'essaient d'être au mieux et en son nom les évêques unis au pape ; Peuple de Dieu, Corps du Christ et Temple de l'Esprit, cet Esprit-Saint surprenant qui peut se manifester pleinement dans celui ou celle qui se croit le plus petit et le plus pauvre en tout ! En une Sainte Bernadette par exemple !

 

3 –   Il s'agit de servir la liturgie, humblement, dans les sacrements qui sont les rencontres les plus sûres du Christ ; du Christ qui nous fait naître (Baptême), qui fait grandir ce qu'il a fait naître (Confirmation), qui se donne "corps et sang" afin que notre vie ne soit plus à nous-mêmes (Eucharistie), qui offre son Alliance aux époux pour les en charger (mariage), qui appelle à le suivre en quittant tout (ordinations), qui nous renouvelle dans la sainteté du Baptême par son pardon (pénitence) et nous remplit de la force de son esprit à l'heure des souffrances longues et de la peur de la mort (sacrement des malades). Que ces rencontres se vivent dans la langue commune (avec un peu de latin si l'on veut… un Pater, un Credo, un Sanctus, Agnus… pourquoi pas ?), que les textes de la Bible aient été multipliés par trois, que l'assemblée soit devenue participante, que l'on fasse place au silence, que l'homélie rende savoureuse la Parole, que d'avancées qui commencent à porter leurs fruits, grâce aux efforts patients, infiniment recommencés, de très nombreux formateurs, prêtres, diacres et fidèles.

 

4 –   Il s'agit de servir l'unité entre tous ceux qui se réclament du Christ, "pour que le monde puisse croire" dit Jésus. Nos divisions stérilisent une belle part de la mission. Le diable s'en amuse. Nous avons tant de trésors à offrir à nos frères, mais aussi à recevoir d'eux. Il ne s'agit pas d'une unité au rabais, de la recherche du plus petit dénominateur commun, mais d'un mouvement de tous vers ce point de communion où le Christ tout à la fois nous guide et nous attend.

 

5 –   Enfin, il s'agit de servir la liberté religieuse pour guérir tout État de la tentation soit d'imposer une religion, soit de ne pas supporter leur existence publique, pourvu qu'elles ne soient pas facteurs de troubles graves. Pour guérir aussi toute communauté religieuse de la tentation de s'imposer et de celle d'emprisonner des libertés. Et cela ne va pas, loin de là, sans la joie de proposer la foi du Christ, à temps et contretemps, dans la société actuelle, dans la conviction que "les temps actuels ne sont pas plus défavorables  à l'annonce de l'Évangile que les temps passés de notre histoire". (Lettre aux Catholiques de France – Cerf 1996 – page 21)

 

 

X 

 

 

X François GARNIER

 

 

Archevêque de Cambrai

 

Article publié par Secrétariat DIOCESAIN • Publié le Jeudi 09 novembre 2006 • 3740 visites

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