Soixante ans, et pas à la veille de prendre sa retraite !! 60ème anniversaire du Secours Catholique

Edito du 5 octobre 2006

 

Soixante ans, et pas à la veille

de prendre sa retraite !!

 

60ème anniversaire

du Secours Catholique

 

 

     En soixante ans, quel chemin parcouru par le Secours Catholique.

 

·       De 1946 * ancre2à 1948, la France est libre, mais détruite et affamée : la charité est de distribuer dans l'urgence vivres et vêtements.

 

·       De 1948 à 1955, la charité et aussi d'alerter et d'informer : la revue "Messages" est lancée ainsi que les premières grandes campagnes : "Berceaux" pour les jeunes couples en difficultés, "Enfance malheureuse", "Vacances pour enfants défavorisés", "Sans abri", "Malades", "Vieillards"…

 

·       De 1955 à 1965, la charité nous ouvre à l'international, à la nécessité de répondre aux urgences provoquées par les guerres et les catastrophes naturelles, la famine en particulier. Le Secours Catholique lance avec génie les fameuses "micro-réalisations" : près de 100 000 réussites aujourd'hui !

 

·       De 1965 à 1975, la charité découvre les pauvretés nouvelles qui apparaissent dans notre société qui s'enrichit très vite. Elle nous fait faire une prise de conscience capitale : il ne s'agit pas seulement "d'agir pour" les pauvres, mais "d'agir avec eux" !

 

·       De 1975 à 1985, la charité ne craint pas d'être "politique". Elle nous provoque à découvrir les mécanismes qui engendrent les pauvretés et à les révéler à tous les responsables de la cité et du pays, de quelque parti qu'ils soient. De telle manière que puissent évoluer les lois et les pratiques sociales.

 

·       De 1985 à aujourd'hui : les "Trente Glorieuses" sont bel et bien finies. Les pertes d'emplois, le chômage qui s'installe avec tout son cortège d'épreuves pour les personnes et les familles, nous poussent naturellement au "chacun pour soi", au "sauve qui peut". Le Secours Catholique nous secoue, nous provoque, "Déchaîne ton cœur" ! La charité doit nous garder éveillés, solidaires, elle nous invite à garder le pauvre au centre de nos préoccupations et de nos actions. Elle nous murmure ce que nous avons du mal à croire : que le pauvre peut être l'acteur premier de sa renaissance. Avec d'autres, dont nous ! Alors le Secours Catholique rencontre les conseils généraux, les préfectures, les municipalités, les associations de toutes sortes, pour imaginer de nouveaux chemins où l'on peut se redresser et marcher quand on est faible. Il y a des montagnes et des gouffres d'indifférence à raser et à combler ! Mais ça marche ! Au Secours Catholique, c'est toujours, selon la belle expression de Jean-Paul II, « L’heure d’une nouvelle imagination de la charité ». Et c'est vrai : ici, on ouvre un atelier de convivialité et là, un gîte pour les Sans Domicile Fixe ; ici, on crée une entreprise d'insertion et là, on bâtit un bungalow tout près de la prison…"pour accueillir les familles" ; ici, on crée une épicerie solidaire et là, on fait de l'aide scolaire et de l'alphabétisation

 

     Il reste une étape. La plus difficile pour tous ceux qui ont la chance d'avoir un travail, un statut social, une sécurité plus grande. Nous la pressentons nécessaire et urgente, mais nous tentons d'en reculer l'échéance. Évoquée par les évêques de France dès 1981, elle nous a été rappelée et proposée par le pape Jean-Paul II. C'était à Tours, il y a dix ans.

« … Devant l’augmentation du nombre des exclus, il faut trouver de nouveaux modes de vie personnels et collectifs qui permettent de surmonter les crises… Pour garantir à tous l’accès au travail, ne conviendrait-il pas de revoir certaines pratiques et d’aider à une plus juste répartition des biens ? Ceux qui ont la chance d’avoir des revenus suffisants sont-ils prêts à partager davantage avec ceux qui ne parviennent pas à vivre décemment ? Un style de vie plus sobre permettrait à beaucoup d’éviter le gaspillage et d’être plus attentifs aux besoins de leur prochain… »

 

     Comment éviter ces questions qui dérangent ? Qui – personnes, mouvements, syndicats, partis – les entendra ?

 

     En attendant, bon anniversaire au Secours Catholique !! Il n'est pas à la veille de la retraite.

 

X François GARNIER

Archevêque de Cambrai

 



 * Date de sa fondation par Mgr Rodhain.

Article publié par Secrétariat DIOCESAIN • Publié le Jeudi 05 octobre 2006 • 3812 visites

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