"La force des colombes" dans la violence des banlieues.

Edito du 17 novembre 2005

 

      

  En 2004, le Cardinal Roger Etchegaray reçut le prix prestigieux de l'Unesco pour " La recherche de la paix ". Dans son style inimitable, ce grand frère dans la foi nous a dit : "la paix ne jaillit pas automatiquement au bout d'une hymne de Vedas hindous, d'un sermon de Bouddha, d'une sentence de Lao-Tseu, d'une sourate du Coran, d'un verset de la Torah ou de l'Évangile, mais toute religion puise dans ses écrits fondateurs les motivations et les énergies les plus pures en faveur de la paix : aucune religion ne peut, sans blasphémer Dieu, le capter, voire le capturer, pour le mettre dans son camp contre un autre… "

 

     Je relis ces lignes en ce matin du 11 novembre, 87ème anniversaire de la fin d'une guerre qui fit neuf millions de morts et dont beaucoup disaient qu'elle serait "la dernière". Il n'en fut rien. Les violences urbaines que notre pays connaît, montrent à quelle vitesse folle les violences peuvent embraser la périphérie de nos villes, et mettre à mal un "vivre ensemble" à construire avec détermination.

 (Action Catholique Générale Féminine) réunissant souvent au Centre Social les femmes venues " d'ailleurs " pour qu'elles se sentent "d'ici " ; militants d'ACO (Action Catholique Ouvrière) se décarcassant dans l'association ACID pour que des chômeurs retrouvent un emploi ; acteurs des " fêtes interculturelles " ; enfants de l'ACE et jeunes de la JOC.F ; membres des équipes Saint-Vincent préparant la nourriture de ceux et celles qui connaissent les fins de mois impossibles ; animateurs de l'association "Culture et Liberté " où l'on apprend à lire, à écrire, à remplir les papiers administratifs incompréhensibles ; les enseignants d'établissements catholiques qui accueillent de très nombreux musulmans et musulmanes, où l'on appelle chaque élève par son nom en lui disant "monsieur ou mademoiselle " et en le vouvoyant ; où l'on cherche avec les industriels les métiers dont il y a réellement besoin pour ne pas fabriquer des chômeurs ; prêtres qui tissent des réseaux de confiance avec les imams…

violence_banlieue violence_banlieue          Depuis Lourdes, où nous étions en Assemblée Plénière des évêques de France, mon esprit partait souvent du côté de Denain, d'Anzin, Bruay, Louvroil, Sous-le-Bois…

 

     Et je rendais grâce à Dieu pour tous les artisans inlassables de paix qui puisent leur force de colombe dans l'Évangile : religieuses discrètes habitant les cités ; femmes de l'ACGF

 

     Toutes ces colombes , au nom de Jésus, œuvrent parmi d'autres pour faire respecter et rendre responsables ceux que notre société affaiblit. Elles apaisent les passions. Elles font reculer les peurs. Elles rapprochent les cœurs et les esprits. Elles tissent le respect mutuel. Elles sont l'honneur de notre Église.

 

 

 

 

X François GARNIER

Archevêque de Cambrai

 

 

 

 

 

Article publié par Secrétariat DIOCESAIN • Publié le Jeudi 17 novembre 2005 • 4509 visites

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