« Il faut bien l’avouer, Monseigneur :
au cimetière, quand il n’y a pas de prêtre, ça fait mort… »
C’est mot à mot la remarque que l’un de mes frères évêques a entendue de l’un de ses diocésains, il y a quelques mois. Au-delà de l’expression qui fait sourire, il y a de quoi réfléchir sur la présence ou non des prêtres au moment des obsèques.
- Etant donné leur petit nombre et leur âge moyen, les prêtres ne peuvent plus être présents à toutes les obsèques. Cela ne veut pas dire qu’ils sont insensibles à l’épreuve des familles en deuil lorsque la mort survient. Ils étaient 344 en l’an 2000. Ils ne sont plus que 180 aujourd’hui – plus âgés – moins mobiles – avec des charges plus lourdes. Et tous ne peuvent plus présider des funérailles en raison de leur santé.
- Ils font tout, avec les diacres, pour être proches des familles lorsque le décès a été particulièrement tragique : la mort d’un enfant, l’accident qui tue les jeunes, le suicide…
- S’ils peuvent être là et présider la prière de l’Église, ils font confiance au travail de préparation fait par les équipes de laïcs chargées de l’accompagnement des familles en deuil. Il y aura ou non célébration de l’Eucharistie selon les cas prévus par le rituel de l’Église.
- Les équipes reçoivent une formation. Elle habilite certains de leurs membres à conduire la célébration des obsèques ; ils portent alors un signe distinctif, une croix, qui montre qu’ils ont reçu leur mission de l’Église.
- Quant aux prêtres, s’ils ne peuvent être là à l’heure des obsèques, ils essaient dans toute la mesure du possible de visiter chez elle la famille en deuil et de prier avec elle, ne serait-ce que le « Je vous salue, Marie » ; Marie que l’on appelle afin qu’elle prie avec nous « à l’heure de notre mort »…
- Par ailleurs, les équipes de laïcs qui accompagnent les familles en deuil, presque toujours profondément remerciées pour la délicatesse de leur service, ne manquent pas de convenir avec les familles du dimanche où la messe paroissiale sera célébrée avec elles pour leurs défunts. Le Dimanche ? Parce que c’est le jour où les baptisés confirmés redisent leur foi en la Résurrection du Christ et en la nôtre, en recevant l’appel à vivre déjà comme des ressuscités.
- Dans certaines paroisses, un panneau couvert de petites croix portant chacune le nom d’un défunt et la date de ses funérailles sert chaque année pour la prière de la communauté, le 2 novembre, jour où toute l’Église prie pour tous les défunts.
- Enfin, l’accompagnement des familles en deuil assuré par ces laïcs se fait, là où cela est possible, jusqu’au temps de la prière au cimetière. Que l’on comprenne aujourd’hui que les prêtres ne puissent plus l’assurer, sauf exception.
+ François Garnier
Archevêque de Cambrai