"Un lac, un ours, un chrétien"

Édito du 23 octobre 2014

 

Le Père Jimmy Delalin, prêtre du diocèse de Lille, a rencontré les membres de notre Synode provincial. Il est Fidei Donum, au Nord du Canada. Il travaille habituellement avec l’évêque mais il a, je crois, deux ou trois paroisses à cinq cents kilomètres en voiture plus une heure d’avion ! La température ? Moins trente ou quarante degrés ! Le paysage ? « Un lac,  un ours, un chrétien ». Or, il nous a dit son bonheur d’être prêtre. Il ne fait que passer ici ou là, quelquefois une fois, deux fois, trois fois par an… Il vient rarement mais chaque fois qu’il s’arrête quelque part, il y a une chrétienne, un chrétien, une famille pour l’accueillir à bras ouverts ; pour le guider ; pour lui dire où il faut célébrer la messe et quand donner le pardon ; pour réunir les chrétiens,  réveiller leur joie de croire, et les rendre plus missionnaires. Nous avons écouté un prêtre heureux, pasteur, entraîneur, arbitre s’il le faut.

 

J’étais très très heureux de l’entendre et réalisais que ce qui se passe au Nord du Canada, c’est ce qui se passe habituellement en Afrique. Notre ami prêtre au Burkina Faso a dit la même chose aux prêtres, diacres et séminaristes du diocèse, le Mardi Saint, avant la Messe chrismale ! Il dessert une paroisse de quatre vingt dix kilomètres de long sur trente de large avec très peu de routes asphaltées. Il visite les communautés une fois, deux fois, trois fois par an. Chaque fois qu’il arrive, il y a le catéchiste et le responsable de la communauté pour l’accueillir et lui dire quelle famille il faut aller visiter, quels clans ont été affrontés aux plus grandes épreuves, où célébrer l’Eucharistie, où célébrer la réconciliation, où rencontrer les très nombreux catéchumènes... En Afrique comme dans le Nord du Canada, le même ministère, et les mêmes joies.

 

Et je rêve, je rêve que comme prêtres diocésains au service des paroisses, nous trouvions dans les années qui viennent le double bonheur de ces deux amis : celui de passer de communautés en communautés en ne vivant que ce qui relève de notre ministère de prêtres diocésains et celui de laisser les baptisés s’organiser sur place pour la mission habituelle qui est depuis toujours la leur : une vraie vie fraternelle, l’annonce de la foi à tous les âges de la vie, l’organisation de la prière habituelle, l’audace missionnaire et le vrai service des plus pauvres… Je rêve ?

 

+ François Garnier

Archevêque de Cambrai

 

Article publié par Cathocambrai • Publié le Lundi 27 octobre 2014 • 2645 visites

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