Avant les élections municipales
Ni de droite, ni de gauche ?
Dans l'interview que le Pape François a accordée au Père Antonio Spadaro, Directeur de la revue jésuite italienne "La Civiltà Cattolica", le Saint Père affirme : "Je n'ai jamais été de droite", alors qu'il avait déjà dit : "Je n'ai jamais été communiste"[1].
Chacun de nous est toujours à droite de celui-ci et à gauche de celui là ! Comment rester libre, infiniment libre, et responsable, infiniment responsable au-delà des étiquettes si faciles à coller sur ceux que l'on croit connaître et que l'on connaît souvent mal ?
La réponse à cette question est simple : en votant chaque fois que nous le pouvons, et pour au moins deux raisons.
La première : le vote est une trop grande chance pour que ceux et celles qui l'ont ne l'utilisent pas, quelles que puissent être les déceptions d'une politique, d'un gouvernement, d'une majorité… Il s'agit de voter en conscience et pour le mieux.
La seconde raison touche à notre foi : pour un baptisé, la foi n'est pas simplement une affaire intérieure, celle de sa prière et de sa vie sacramentelle. Elle requiert la totalité de sa vie, de ses relations familiales, de sa vie professionnelle, de ses engagements sociaux et politiques, de ses responsabilités économiques et civiques ; l'Évangile le guide dans les choix de société auxquels il se doit de prendre part.
Les élections municipales approchent : je fais mienne la déclaration du Conseil permanent de la Conférence des Evêques de France ; chacun peut la trouver tout entière sur le site de la conférence ; quant à Église de Cambrai, elle vous en donne quelques extraits ! Bonne et fructueuse lecture !
+ François Garnier
Archevêque de Cambrai
Déclaration du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France
Les élections municipales :
une chance pour le bien commun.
Au nom des évêques de France, nous tenons à rendre hommage aux hommes et aux femmes impliqués dans la vie municipale. Ces élus de la proximité humaine et géographique, très attachés à leurs communes, quelles que soient leurs dimensions, sont parfois engagés depuis de longues années…
… C'est pourquoi nous souhaitons encourager fortement toutes les personnes qui projettent en 2014 de donner quelques années au service du bien commun. Qu'elles travaillent à l'échelle de la commune, de la communauté de communes ou d'agglomération, qu'elles représentent la dimension locale dans les diverses structures de la vie départementale ou régionale, toutes seront invitées à participer à leur façon, à la construction d'une société fraternelle.
… En tant qu'évêques, par notre ministère, nous observons la richesse de la vie locale, particulièrement lors de nos visites pastorales. Les associations, les municipalités et les paroisses, sont souvent, notamment dans les petites communes rurales qui constituent l'immense majorité du tissu communal, les seuls lieux de lien social.
Nous savons, bien sûr, les difficultés auxquelles les élus doivent faire face. La crise économique, longue et coûteuse en emplois, en fermetures d'entreprises, la recherche des subventions et des dotations rendent difficiles les projets et les investissements municipaux. Les communes elles-mêmes sont touchées. L'intercommunalité est un degré qui, en période de crise, doit permettre une mutualisation équitable et réfléchie.
Mais nous savons l'énergie avec laquelle les responsables de l'action sociale mettent en œuvre des initiatives nouvelles. Nous savons aussi leur volonté de servir la communauté territoriale tout entière. Nous savons encore l'attachement des maires à "leurs" églises, part essentielle du patrimoine communal, dont ils sont souvent les premiers à initier des restaurations. Pour tout cela, et bien d'autres actions des domaines si variés du développement local, nous saluons leur implication et condamnons les discours populistes répandant la suspicion contre toute représentation politique…
… Nous encourageons les candidatures aux élections municipales de 2014 des hommes et des femmes soucieux de tous, notamment dans les nouvelles générations.
Forts de leur humanité, de leur disponibilité, forts aussi, s'ils en sont habités, de leur foi au Christ, ils pourront faire du nouveau, en renversant les mentalités dans le sens de l'amour et de l'Évangile.
Au service du bien commun, ils sauront allier aspirations individuelles, justice sociale, démocratie et paix. Notre pays en vaut la peine. Nous engageons à mettre en œuvre, au niveau local, une vive attention à toutes formes de pauvretés et la conduite d'actions dynamiques et inventives pour le meilleur de la vie ensemble.
Que chaque citoyen, en allant voter, montre sa volonté de prendre sa part dans la recherche du bien commun.
Paris, le 11 décembre 2013
Mgr Georges PONTIER, Archevêque de Marseille, Président
Mgr Pierre-Marie CARRE, Archevêque de Montpellier, Vice-président
Mgr Pascal DELANNOY, Evêque de Saint Denis, Vice-président
Cardinal André VINGT-TROIS, Archevêque de Paris
Mgr Jean-Claude BOULANGER, Evêque de Bayeux et Lisieux
Mgr François FONLUPT, Evêque de Rodez et Vabres
Mgr Jean-Paul JAMES, Evêque de Nantes
Mgr Hubert HERBRETEAU, Evêque d'Agen
Mgr Stanislas LALANNE, Evêque de Pontoise
Mgr Benoît RIVIERE, Evêque d'Autun, Chalon et Mâcon.
[1] Le Pape François. L'Église que j'espère. Entretien avec le Père Spadaro, SCJ. Flammarion – ETUDE – 2013. P61.