Une Église capable de sortir d'elle-même

Édito du 23 janvier

 

 

"Au lieu d'être seulement une Église qui accueille et qui reçoit en tenant les portes ouvertes, efforçons-nous d'être une Église qui trouve de nouvelles routes, qui est capable de sortir d'elle-même et d'aller vers celui qui ne la fréquente pas, qui s'en est allé ou qui est indifférent…"

 

Je lis et relis cette parole du Pape François. Il l'a dite lors de la clôture de l'Année de la Foi en novembre dernier. Je la lis et la relis et veux rendre grâce pour un grand nombre de diocésains qui sont l'honneur de notre Église :

 

  • Je pense aux équipes de visiteurs de prisons. Pour une fois je les accompagne dans la Maison d'arrêt de Douai mais eux le font toujours au moins chaque semaine. Visiter les prisonniers, les écouter, partager avec eux un moment de dialogue, de partage de foi, de chants, de prières, n'est pas si facile. Et qui ose dire que les prisons sont des hôtels trois étoiles ? Je l'ai parfois entendu !

 

  • Je pense aux milliers de visiteurs de malades en hôpitaux et maisons de retraite ou hospitalisés à domicile… Je vais parfois visiter l'un d'entre eux en hôpital ou ailleurs mais eux le font tous les jours, chaque jour qui recommence...

 

  • Je pense à tous ceux des nôtres qui ouvrent, comme à Cambrai, des "Pauses", ces lieux où on peut, quand on n'a plus rien, être accueillis, se laver, laver ses vêtements, en trouver d'autres, prendre un petit déjeuner, rester quelques heures au chaud…

 

  • Je pense à toutes celles, en général ce sont des femmes, qui tiennent des vestiaires ou qui accueillent dans les épiceries solidaires, qu'elles fassent partie des équipes de Saint Vincent de Paul, du Secours Catholique, des Restos du cœur, de la Croix Rouge, ou d'autres associations comme celle de Flers en Escrebieux, "Association Deuxième Vie"…

 

  • Je pense à tous ceux qui ont voulu et qui assurent la vitalité de l'Association "Midi Partage" à Valenciennes, chaque midi : ils y servent plus de deux cents repas pour ceux qui n'ont ni table ni papiers.

 

  • Je pense à tous ceux qui, malgré toutes les résistances, cherchent à rendre service au moins à quelques roms. Comme moi, ils lisent les journaux et savent que le plus grand nombre des camps ont été démantelés… Mais avec l'aide de quelques maires courageux, ils font tout pour qu'une maison réquisitionnée puisse accueillir une famille ; c'est tellement mieux que tous les discours. Je viens de visiter l'une de ces familles. On a trouvé un travail, possible légalement depuis le 1er janvier. Demain sera plus lumineux qu'hier.

 

  • Je pense à la joie de deux maires me confiant que "grâce à l'abbé", des jeunes promis sans doute à la prison auront la chance de n'y pas aller !

 

  • Je pense enfin à toutes les écoles catholiques, à toutes les paroisses et à toutes les familles qui ont vécu un Noël un peu plus économe afin que deux mille enfants d'Afrique puissent aller à l'école. Parce qu'il n'y a personne autour d'eux qui puisse leur assurer le minimum de scolarité pour échapper à la migration de la misère. "Un cadeau pour…", c'est facile et très efficace !

 

Je lis et relis la parole du Pape François et je suis très fier des très nombreux baptisés qui sont parmi tous ceux qui assurent sans se payer de mots le service du frère avec notre l'Église, "toujours capable de sortir d'elle-même" !

 

 

 

+ François Garnier

Archevêque de Cambrai

 

 

Article publié par Cathocambrai • Publié le Lundi 17 février 2014 - 16h04 • 2303 visites

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