« Migrants et Toussaint»
Parlez migrants, Calais, démantèlement, jungle : les passions s’agitent, les prises de position s’affrontent…J’écoute certaines d’entre elles qui me font mal : « Non, nous ne pouvons pas accueillir toutes les misères du monde … », « nous devons déjà être solidaires des plus pauvres de chez nous… » : je comprends ces réactions, mais tourne et tourne dans ma tête l’appel incontournable de l’Évangile : « j’étais étranger et vous m’avez accueilli… » (Mt 25,35).
Accueillir ? C’est un défi. Merci à tous ceux qui le relèvent, croyants ou non. Ils ont compris que ceux qui fuient leur pays à cause des bombes, de la faim, de l’impossibilité de travailler le font parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Ils sont le plus souvent parmi les plus courageux et les mieux formés de leurs compatriotes…
Qu’il puisse y avoir parmi eux quelques loups, qu’il y ait au milieu d’eux des profiteurs passeurs à condamner, que tous ne puissent obtenir le droit d’asile, oui…. Mais, me revient l’appel du Christ : « j’étais étranger et vous m’avez accueilli … » .
Merci à ceux qui relèvent le défi, grâce à leur foi.
+ François Garnier
Archevêque de Cambrai
De Monseigneur Jean-Paul Jaeger, évêque de Calais : « L’heure de l’accueil » :
« L’événement hautement médiatisé que nous allons vivre risque de déclencher des peurs, des réflexes de défense, et de rejet. Nos communautés humaines et spirituelles ne peuvent pas faire l’économie d’une réflexion sur le devenir de notre humanité. Les frontières tombent quand il s’agit de vendre, d’acheter, de produire et de faire circuler des capitaux. Devraient-elles être renforcées et devenir hermétiques, quand les êtres humains se déplacent parce que leur vie est menacée ? Il n’est pas humain de se contenter de slogans à connotation électoriste quand la survie d’êtres fragiles est en cause. Un long travail de réflexion, de partage, d’écoute, de compréhension et d’accueil est indispensable. L’accueil se prépare. Il sollicite la volonté et la liberté. Il nous engage. Un seul pays, une seule ville ne peuvent évidemment pas faire face à la question majeure des déplacements de personnes. Dans la confiance reçue et donnée, chacun peut prendre sa part humble et modeste de cette réalité(…). L’année de la Miséricorde touche à sa fin. Les œuvres de miséricorde continueront à ponctuer la vie quotidienne de nos communautés. Elles sont les signes et les fruits de la mission du Christ et de l’Église. L’accueil de l’étranger figure au nombre de ces œuvres dont le Christ nous donne l’exemple et qu’il nous demande de pratiquer pour être ses disciples(…) ».