Entre les deux synodes romains
sur la Famille
… à propos des personnes divorcées-remariées.
Nous les rencontrons souvent. Parce qu’elles sont nombreuses, désormais dans presque toutes nos familles.
Je prie pour que notre Église leur ouvre la double porte du pardon et de l’eucharistie moyennant quelques repères qui pourraient être ceux-ci :
- Ils ne sont pas ou plus en haine contre leur premier conjoint ; ils n’ont plus cette haine qui pourrit les cœurs et fait mal aux enfants.
- Ils sont humbles, reconnaissant leur part de responsabilité dans la séparation douloureusement vécue.
- Ils sont les premiers à pouvoir dire, malgré l’échec traversé, la beauté et le sens du sacrement de mariage tel que l’Église, souvent envers et contre tout, a la belle mission de le proposer.
- Ils sont fidèles aux décisions de Justice, en particulier lorsqu’il s’agit de payer la pension alimentaire, d’assurer fidèlement la garde des enfants, de ne pas se servir d’eux (en les gâtant de toutes les façons) pour se faire bien voir et obtenir des informations sur ce que vit l’ancien conjoint.
- Enfin, on les voit prier, compter sur le Christ et l’Évangile. On les voit actifs et responsables dans leur paroisse, aumônerie, mouvement ou service d’Église. Ils viennent même humblement recevoir la bénédiction parmi ceux qui le dimanche ont la joie de communier. Je crois souvent que leur communion de désir est plus sainte que la mienne trop habituée.
Encore deux remarques :
- Je prie pour que les couples qui ont la joie de vivre heureux dans le sacrement de mariage soient parmi les premiers à accompagner les divorcés et à se réjouir du « retour » de ceux qui essaient de vivre une nouvelle alliance. Je pense souvent à la parabole du Père de l’enfant Prodigue (Lc 15) : le bonheur qu’il a de voir revenir son fils réellement pécheur est terni par l’attitude de son aîné apparemment saint qui refuse de partager sa joie. Il y aurait beaucoup à méditer là-dessus.
- Je n’ignore pas la sainteté discrète des divorcés qui ne veulent pas se remarier par fidélité au premier conjoint. Ils donnent un très beau témoignage. Faut-il rappeler à tous les pasteurs que leur est ouverte la porte des sacrements du pardon et de l’Eucharistie ?
+ François Garnier
Archevêque de Cambrai
L’Église est appelée à être toujours la maison ouverte du Père. Un des signes concrets de cette ouverture est d’avoir partout des églises avec les portes ouvertes. De sorte que, si quelqu’un veut suivre une motion de l’Esprit et s’approcher pour chercher Dieu, il ne rencontre pas la froideur d’une porte close. Mais il y a d’autres portes qui ne doivent pas non plus se fermer. Tous peuvent participer de quelque manière à la vie ecclésiale, tous peuvent faire partie de la communauté, et même les portes des sacrements ne devraient pas se fermer pour n’importe quelle raison. Ceci vaut surtout pour ce sacrement qui est « la porte », le Baptême. L’Eucharistie, même si elle constitue la plénitude de la vie sacramentelle, n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles.
Le Pape François
Evangelii Gaudium N°47