Cher Gamaliel

Edito du 6 mai 2010

 

Chaque fois que nous nous rencontrons entre baptisés, particulièrement aux heures de doute ou d'espérance fragile, nous pourrions échanger un "mot de passe" ! Je propose ton nom : "Gamaliel !"

 

Tu es un juif très sage : les Actes des Apôtres nous disent que tu étais "respecté de tout le peuple" (Ac5,34) ; sans t'en rendre compte, tu as dit la parole la plus géniale qui puisse être ! La situation était la suivante, tu t'en souviens : les apôtres, dans une ardeur apostolique qu'on ne leur connaissait pas, annonçaient au prix de tous les risques la résurrection de Jésus. Ils insupportaient au plus haut point un certain nombre de tes amis, responsables juifs, lesquels, nous dit l'Écriture, "frémissent de rage et  projettent de faire mourir" ces nouveaux prédicateurs décidément trop gênants ! (Ac5,35)

 

C'est alors que toi, Gamaliel, tu leur dis cette parole d'or :

            "Ne vous occupez pas de ces gens-là ; laissez-les. Car si leur entreprise ou leur œuvre vient des hommes, elle se détruira d'elle-même ; mais si vraiment elle vient de Dieu, vous n'arriverez pas à les détruire …" (Ac5,38-39)

 

Merci Gamaliel ! Si tu savais comme je repense souvent à ta parole : il y a longtemps que notre Église aurait dû disparaître comme les sectes qui passent et pour cause : il y a dans nos communautés ce qui vient trop de nous : nos péchés, et particulièrement nos péchés de responsables. Ils sont sources de scandale. Ils nous humilient, nous fragilisent. Ils sont une aubaine pour ceux qui nous critiquent. Ils ne s'en privent pas.

 

Mais il y a aussi dans notre Église tout ce qui vient de Dieu par la sainteté parfaite de son Fils, et – grâce à lui – par la sainteté ordinaire et quotidienne de très nombreux baptisés : ils écoutent la Parole du Christ pour eux-mêmes avant de l'annoncer à d'autres ; ils l'annoncent d'ailleurs plus avec leur vie simple qu'avec des mots, ils se nourrissent des sacrements ; ils sont sources claires de solidarités et de pardons.

 

Depuis 2000 ans, les péchés qui viennent trop de nous s'affrontent à la sainteté qui vient aussi par nous grâce à Dieu ; et dans cette rencontre, c'est la sainteté qui finit par gagner ! Cher Gamaliel, tu l'avais bien compris ! Merci Gamaliel ! 

 

 

X François Garnier

Archevêque de Cambrai

 

 

 

Article publié par Michel LEMAIRE • Publié le Samedi 08 mai 2010 • 4158 visites

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