Un carême pour lutter contre l’indifférence.
Dans son message pour le carême 2015, le Pape François parle de la « mondialisation de l’indifférence ».
Il fait un constat : « quand nous allons bien…, nous oublions sûrement de penser aux autres, nous ne nous intéressons plus à leurs problèmes, à leurs souffrances et aux injustices qu’ils subissent… Alors, notre cœur tombe dans l’indifférence. Cette attitude… a pris aujourd’hui une dimension mondiale, au point que nous pouvons parler d’une mondialisation de l’indifférence… Il s’agit d’un malaise que, comme chrétiens, nous devons affronter ».
A l’évidence, le Christ n’est jamais indifférent à l’épreuve de qui il rencontre quel qu’il soit, qu’il soit juif, samaritain ou païen. Or Jésus nous l’a dit : « Qui me voit, voit le Père (Jn 14, 9)». Jésus nous dévoile un Dieu qui n’est pas comme les autres, un Dieu dont le Pape François nous dit qu’ « il porte chacun de nous dans son cœur, nous connaît par notre nom, prend soin de nous et nous cherche quand nous l’abandonnons ; chacun l’intéresse… » Alors le Saint Père nous donne ce temps de carême pour, dans la force du Christ, lutter contre l’indifférence.
Pour cela il nous propose trois pistes :
La première ? Nous laisser laver les pieds par le Christ ! C’est en le voyant servir que nous devenons serviteurs. « Le carême est un temps propice pour nous laisser servir par le Christ et ainsi devenir comme lui. Cela advient quand nous écoutons la parole de Dieu et que nous recevons les sacrements, en particulier l’Eucharistie… »
La seconde ? Regarder les saints de l’Église : « Ils ont vaincu définitivement l’indifférence, la dureté du cœur et de la haine » ! Il ajoute qu’il nous faut tout faire pour que « nos paroisses et nos communautés deviennent des iles de miséricorde au milieu de la mer de l’indifférence ».
Quant à la troisième piste ? Ne pas nous laisser absorber « par la spirale de l’impuissance ». Nous voyons toutes les images bouleversantes « qui nous racontent la souffrance humaine et nous sentons en même temps toute notre incapacité à intervenir… » Il fait sans doute allusion à toutes les images que nous voyons de l’Irak, de la Syrie, de l’Ukraine, du Nigéria, de Gaza et de bien d’autres lieux. Et le Pape nous dit que nous gardons une capacité à intervenir par la prière et par les gestes de solidarité « grâce aux nouveaux nombreux organismes de charité de l’Église » : là-aussi nous avons la capacité d’agir ; si chacun le fait, des montagnes d’indifférence seront rabotées.
Toute l’Ecriture et la tradition de notre Église nous rappellent en ce début de carême que la foi ne devient efficace que par la charité.
+ François Garnier
Archevêque de Cambrai