à l'occasion du 50ème anniversaire du CCFD
(Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement)
c'est est un vrai bonheur pour nous, vos évêques, de fêter avec vous ce 50ème anniversaire. Nous n'oublions pas les épreuves que nous avons traversées avec vous au cours de ce demi siècle pour qu'au-delà, nous construisions mieux, dans l'esprit du Christ, une terre plus solidaire de ses enfants les plus oubliés.
Depuis 50 ans, comme une sorte de poil à gratter, le CCFD nous ouvre les yeux longuement, patiemment sur ce que nous ne voudrions voir qu'en passant, le temps d'une émotion télévisuelle. En oubliant ce milliard d'hommes, de femmes et d'enfants qui crèvent la faim. Et cet autre milliard qui se nourrit mal.
Depuis 50 ans, le CCFD nous invite longuement, patiemment à passer de l'émotion fugitive à l'action patiente, à quelques conditions :
P Une action patiente qui respecte les partenaires financiers : à eux de réaliser leur développement ; pas question de l'imaginer et de le faire à notre manière sans eux.
P Une action patiente qui nous ouvre les yeux sur les mécanismes fous, notamment financiers, qui accentuent le fossé entre la prospérité des uns et l'appauvrissement des autres : ce n'est pas pour rien que le CCFD dénonce les paradis fiscaux, qu'il demande l'échelonnement du remboursement de la dette, qu'il promeut l'indépendance alimentaire dans les pays en voie de développement, qu'il souhaite la mise en place de taxes pour protéger les producteurs locaux d'une concurrence déloyale et mortifère.
P Une action patiente qui questionne nos propres habitudes de consommation, nos manières de vivre, y compris dans le placement de l'argent que nous pourrions avoir.
P Une action patiente qui puise clairement sa force dans une communion au Christ suffisamment vraie pour qu'elle aille avec lui jusqu'au lavement des pieds.
P Une action patiente malgré le sentiment écrasant de la disproportion entre les besoins connus et les moyens dont chacun de nous dispose. La "tentation grossière", ajoutait le Cardinal Vingt Trois, est de croire que "si je ne peux pas tout, je ne peux rien" !
P Une action patiente enfin pour faire en sorte que les déclarations généreuses des États se concrétisent en une véritable coopération, non pas celle qui cherche les retours sur investissements, mais celle qui est véritablement "gratuite" : il n'est pas étonnant que le mot gratuité revienne sans cesse sous la plume de Benoît XVI dans sa dernière encyclique[1] sur le développement intégral de l'homme, de tout homme, de tous les hommes,. Et dans l'évangile, on le sait, donner pour recevoir n'est jamais le choix du Christ !
Bon anniversaire, le CCFD !
X François Garnier
Archevêque de Cambrai