A propos du Téléthon

Edito du 22 Novembre 2007 Mgr François Garnier

 

 

     On se souvient de l'an passé. De la polémique imprévue qui s'amplifia dans les médias : "les évêques étaient contre le téléthon". La surprise fut grande parmi nous qui apprenions l'affaire par la radio, alors que nous revenions de notre Assemblée Plénière et que nous n'en avions pas dit mot !

     Une année a passé. Nous avons eu le temps de rencontrer les responsables du téléthon et de réfléchir ensemble à Lourdes sur ce qu'il convenait de dire.

     Notre nouveau président, le Cardinal André Vingt Trois, archevêque de Paris, a résumé notre réflexion de la façon suivante :

     "… Nous pensons d'abord aux jeunes malades et à leurs familles, à leurs espoirs de guérison et à leur courage. Nous admirons la générosité qui anime ceux qui participent au téléthon et nous n'avons pas l'intention de jeter le discrédit sur cette générosité qui porte des fruits. Des chrétiens nombreux se joignent à ce grand mouvement de solidarité comme à d'autres initiatives qui ne sont pour autant ni confessionnelles ni implantées dans des organisations ecclésiales. Mais la générosité ne légitime pas tout. Nous souhaitons donc que chacun réfléchisse et que soient entendues les graves questions que nous avons soulevées : tri embryonnaire, utilisation des cellules embryonnaires et médiatisation de jeunes malades. Ces questions ne sont pas seulement les nôtres, mais nous devons les formuler…"

     "… Notre mission, c'est aussi d'alerter les consciences de nos contemporains. Nous le savons, les occasions ne manquent pas. La prochaine révision des lois de bioéthique supposera des interventions qualifiées auxquelles une cellule de notre conférence travaille déjà. Mais, plus profondément que les prises de position nécessaires sur tel ou tel sujet particulier, c'est tout un état d'esprit qui est en cause, une mentalité. Tous doivent travailler à ce niveau de profondeur où affleure la question de l'homme, de sa dignité et de sa vocation. Nous ne pouvons rester comme des chiens muets quand nous voyons se développer une sorte d'instrumentalisation rampante de la personne humaine. On le constate aussi bien dans les domaines économiques et sociaux que dans le domaine de la bioéthique. Jusqu'où irons-nous dans l'utilisation et l'exploitation de l'être humain pour la satisfaction de nos désirs, même légitimes, même généreux ? C'est à la lente transformation des attentes et des requêtes de nos contemporains que nous devons travailler sans relâche. Nous devons avoir le courage de leur dire que notre mode de vie actuel ne pourra pas être préservé sans grave dommage pour l'avenir : dommage écologique mais aussi dommage financier des dépenses faites sur le compte des générations futures, misère culturelle et misère affective..."

 

     Humblement mais fermement, nous voulons redire à une opinion souvent mal informée que l'embryon humain n'est pas n'importe quoi. Qu'il n'est pas manipulable. Qu'il est d'autant plus à respecter qu'il est un être éminemment fragile. Et que si la conscience universelle oublie cela, c'est très grave pour la société tout entière.

Est-ce trop demander aux organisateurs du téléthon, que nous respectons infiniment, d'imaginer le système à mettre en place pour qu'ils respectent le choix moral de chaque donateur, en particulier de ceux et celles qui ne veulent pas qu'une partie aussi minime soit-elle de leur don serve à ce à quoi ils ne veulent pas qu'il serve ?

 

X François GARNIER

Archevêque de Cambrai

Article publié par Secrétariat DIOCESAIN • Publié le Jeudi 22 novembre 2007 • 5969 visites

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